Des chefs d'État et de gouvernement avaient un message on ne peut plus clair à passer à l'hôte du 14e Sommet de la Francophonie, le président congolais Joseph Kabila. Comme d'autres, Pauline Marois et Stephen Harper ont lancé un appel au respect de la démocratie et des droits de la personne à l'ouverture du Sommet samedi.

Les deux premiers ministres n'ont pas de rencontre avec Joseph Kabila à leur programme. Pauline Marois a fait savoir plus tôt cette semaine qu'elle refuse de le rencontrer. Stephen Harper n'a pas sollicité un entretien avec M. Kabila et n'a pas reçu d'invitation jusqu'ici. S'il devait le rencontrer, ce serait pour soulever la question des droits de la personne, a insisté son entourage.

Les deux chefs de gouvernement participeront toutefois à un souper officiel organisé par M. Kabila, samedi soir.

Dès l'ouverture du Sommet, Stephen Harper a condamné les violations aux droits de la personne, un message qui s'adressait en particulier au président congolais.

«Je ne pourrais passer sous silence, cette année, les violations des droits de la personne. (Notre) position est très claire. Tous les gouvernements, sans exception, doivent garantir à leurs citoyens la bonne gouvernance, l'État de droit et le respect des droits de la personne», a affirmé le premier ministre canadien dans son discours.

Rappelons que Joseph Kabila a été réélu l'an dernier à l'issue d'un scrutin entaché par des fraudes et des irrégularités de toutes sortes. Des bureaux de vote ont été incendiés et des urnes ont été bourrées de bulletins déjà remplis avant le début du vote, par exemple.

De son côté, Pauline Marois a affirmé que la «la Francophonie, comme le reste de la communauté internationale, a raison de dénoncer les parodies d'élections qui trahissent la volonté populaire». Elle prenait la parole lors d'une séance à huis clos. «Notre Sommet a raison de marteler ce message: le respect des droits de la personne n'est pas négociable. Il n'existe aucune impunité pour ceux qui veulent s'y soustraire, les piétiner ou les combattre», a soutenu la première ministre.

«La démocratie vivante est incompatible avec toute atteinte aux droits de l'homme, a-t-elle ajouté. La démocratie commence par le refus de la force et de toute forme de répression.»

Après avoir longuement hésité, le président français François Hollande a décidé de se rendre au Sommet. Il a rencontré Joseph Kabila samedi avant-midi avec l'intention de lui dire que la situation est «inacceptable» sur le plan de la démocratie en République démocratique du Congo.

Lors de l'ouverture du Sommet, il a insisté: il faut que «tout être humain puisse choisir ses dirigeants». «La Francophonie doit porter la démocratie, les droits de l'homme, le respect de la liberté d'expression», a-t-il ajouté.

Joseph Kabila a manifestement voulu répliquer aux critiques lorsqu'il a ouvert le sommet. Il a encensé la «tolérance», «l'État de droit» et la «démocratie», ce qui en a fait sourciller plusieurs. La RDC a «pris l'engagement de traduire ces valeurs universelles dans la vie de ses institutions et de ses populations», a-t-il ajouté.

Au sujet des violences au Nord-Kivu, dans l'est du pays, il a accusé les rebelles d'être «à la solde d'intérêts extérieurs» -il visait le Rwanda, qu'il n'a pas nommé. «C'est une guerre injuste qui nous est imposée», a-t-il déploré.

Dans ce dossier, François Hollande a satisfait Kinshasa en affirmant que «les frontières de la RDC sont intangibles et doivent être respectées». La mission des Nations unies dans ce pays doit être «précisée», voire «élargie», selon lui.