L'armée turque a ouvert le feu sur des cibles syriennes, hier, quelques heures après une attaque qui a tué cinq civils de son côté de la frontière entre les deux pays. De nouvelles violences qui ont entraîné un concert de condamnations contre le régime de Bachar al-Assad, notamment de la part du Canada.

Le long de la frontière instable entre la Syrie et la Turquie, un tir de mortier provenant du territoire syrien est tombé sur le village turc d'Akcakale, tuant cinq civils, dont des enfants. Des dizaines de personnes ont été blessées.

Selon l'Associated Press, le tir semblait provenir des forces loyales au président syrien Bachar al-Assad, qui combattent les rebelles appuyés par la Turquie.

«Nos forces armées dans la région frontalière ont répondu à cette attaque atroce avec des tirs d'artillerie sur des cibles en Syrie qui ont été détectées par radar, conformément aux règles d'engagement», a déclaré le bureau du premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

Ce n'est pas la première fois que la Turquie est ciblée depuis le début de l'insurrection en Syrie. En juin, un avion militaire a été abattu par les forces syriennes. Mais Ankara n'avait pas répondu par la force jusqu'à hier.

Selon des médias turcs, le gouvernement d'Ankara demandera aujourd'hui au Parlement de l'autoriser à mener des opérations militaires du côté syrien de la frontière entre les deux pays.

Plus tôt dans la journée, quatre attentats à la bombe sont survenus dans un quartier progouvernemental d'Alep, la plus grande ville de Syrie. Au moins 30 personnes sont mortes.

Cette escalade a attiré de nouvelles condamnations du régime Assad. À Ottawa, le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a «fermement condamné» l'attaque, en notant qu'un enfant de 6 ans figure parmi les victimes du côté turc.

«Après avoir tué des dizaines de milliers de civils syriens, le régime violent et répressif de Bachar al-Assad continue de massacrer son propre peuple et il lance maintenant un assaut hors de ses frontières», a-t-il affirmé.

Le ministre souhaite qu'il ne s'agisse que d'un «incident isolé» qui n'entraînera pas de flambée de violence à l'extérieur de la Syrie.

«Mais on comprend que chaque pays a le droit de protéger son peuple», a-t-il convenu.

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a déclaré que les États-Unis sont «outrés que les Syriens tirent de l'autre côté de la frontière».

«C'est une situation vraiment, vraiment dangereuse, a dit Mme Clinton. Et tous les pays responsables doivent se mettre ensemble pour persuader le régime de Bachar al-Assad d'appliquer un cessez-le-feu, de cesser d'attaquer sa propre population et d'entamer le processus de transition politique.»

Réunion d'urgence de l'OTAN

Le gouvernement turc a fait appel au Conseil de sécurité des Nations unies après les heurts frontaliers qui l'ont amené à tirer sur des cibles syriennes pour la première fois depuis le début de l'insurrection. L'accrochage a également poussé l'OTAN à convoquer une réunion d'urgence.

«L'alliance continue d'appuyer la Turquie et demande la cessation immédiate de tels actes d'agression contre un allié», a-t-elle déclaré dans un communiqué.

L'OTAN exige aussi que la Syrie «mette un terme aux violations flagrantes du droit international». La Turquie, alliée de l'OTAN, veut éviter d'intervenir seule en Syrie. Le gouvernement turc souhaite une intervention internationale qui permettrait d'établir une zone sécurisée, ce qui impliquerait probablement un déploiement de forces étrangères et une zone d'exclusion aérienne. Mais ses alliés craignent qu'une telle intervention en Syrie n'aggrave le conflit.

La Turquie abrite plus de 90 000 réfugiés syriens dans des camps le long de la frontière, ainsi que plusieurs groupes de l'opposition syrienne.

- Avec AP et AFP