C'est fait: après des mois d'attente, Justin Trudeau a finalement annoncé officiellement sa candidature pour le poste de chef du Parti libéral du Canada, mardi soir.

Devant une salle comble du quartier Parc-Extension, dans sa circonscription montréalaise de Papineau, M. Trudeau a tendu la main aux Québécois et aux Canadiens de tous les horizons et de toutes les origines, dans un discours d'une demi-heure aux accents parfois personnels, placé à la fois sous les signes du renouveau et de la continuité.

«L'heure est venue d'écrire une nouvelle page d'histoire du Parti libéral, a-t-il lancé. Car nous parlons de l'avenir et non du passé. Ici, ce soir, nous entamons un mouvement de Canadiens prêts à bâtir et non à rebâtir.»

Il a dressé les grandes lignes de ses orientations politiques dans divers domaines: environnement, éducation, affaires étrangères, économie...

S'il n'a pas fait d'annonce formelle de politiques, M. Trudeau a néanmoins écarté l'idée d'une coalition avec le NPD, lors d'un point de presse après son discours. «Est-ce que le Parti libéral, dans l'avenir, travaillera avec tous les partis quand il trouvera un terrain d'entente? Absolument. Est-ce qu'il y aura une coopération formelle? Non.»

La Constitution et le Québec

L'aspirant chef a vanté le bilan de son parti, dont plusieurs faits d'armes de son père, Pierre Elliott Trudeau: le rapatriement de la Constitution sans le Québec, entre autres. Un souvenir pourtant douloureux pour plusieurs Québécois alors que la province n'a toujours pas signé l'important document.

«Quand je me promène dans Papineau et que je regarde sa diversité [...], je me dis que c'est un débat du passé, ce n'est pas actuel. On parle d'avenir, on parle de bâtir ensemble. Et pour moi, c'est dans cette direction qu'on va aller», a-t-il précisé en point de presse.

«Mais ça fait partie des accomplissements qu'on a faits pour créer un meilleur pays, tous ensemble, dans le passé», a-t-il néanmoins ajouté au sujet du rapatriement controversé.

M. Trudeau a tendu la main aux Québécois à plusieurs reprises et appelé à l'unité nationale, évoquant notamment l'apport des francophones au développement du pays. «La mettrons-nous maintenant de côté, cette histoire, parce qu'elle est habitée par des gens qui parlent une autre langue ou qui viennent ici pour ajouter leurs espoirs aux nôtres? Bien sûr que non. Notre contribution au Canada est loin d'être terminée.»

Autre signe de cette continuité marquée par son historique familial, quelques anciens visages du parti étaient présents: les anciens ministres Marc Lalonde et André Ouellet, notamment, en plus de quelques sénateurs et députés actuels.

Souvenirs douloureux et message d'espoir

Le député tenait à faire l'annonce de sa candidature devant ses électeurs, en signe de gratitude pour son élection à la Chambre des communes, en 2008. Le jour de son annonce n'était pas non plus fortuit: c'est celui de la naissance de son plus jeune frère, Michel, qui a disparu dans une avalanche en 1998. «Nous avons parcouru beaucoup de chemin ensemble. Vous m'avez soutenu à chaque étape de ma vie», a-t-il lancé aux Canadiens.

«Aux funérailles de Michel, s'est rappelé M. Trudeau, mon père a lu un passage de la lettre de saint Paul aux Corinthiens. Paul a écrit: "Quand j'étais enfant, je parlais comme un enfant, mais lorsque je suis devenu un homme, j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant."»

«Le temps est venu pour une nouvelle génération de Canadiens de faire disparaître les choses enfantines, a-t-il affirmé. Le temps est venu de nous unir et de nous rassembler autour de la tâche très sérieuse de bâtir un pays encore meilleur.»