Le Canada et la Grande-Bretagne comptent resserrer leurs liens diplomatiques en ouvrant des ambassades communes dans certaines capitales étrangères où l'un des deux pays n'est pas représenté. L'objectif est de maximiser la présence des deux alliés du Commonwealth à l'étranger, tout en réduisant les coûts, a-t-on appris hier soir.

Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, doit signer aujourd'hui à Ottawa un protocole d'entente avec son homologue britannique William Hague. L'accord qui sera paraphé est qualifié de sans précédent, et pourrait forcer le Canada et la Grande-Bretagne à adopter des positions communes dans certains dossiers.

C'est le chef de la diplomatie britannique qui a vendu la mèche, hier, au sujet des intentions du gouvernement de la Grande-Bretagne, lors d'une déclaration aux médias.

«Comme le premier ministre David Cameron l'a déclaré lorsqu'il s'est adressé au Parlement canadien l'an dernier, nous sommes deux nations, mais nous avons une seule reine et un ensemble de valeurs», a affirmé M. Hague.

«Nous avons oeuvré main dans la main, autant durant les grandes guerres du dernier siècle, que durant la lutte contre les terroristes en Afghanistan ou le printemps arabe, en accordant notre appui à des pays comme la Libye ou la Syrie. Nous sommes d'abord et avant tout des cousins», a ajouté le ministre britannique.

Moindre coût

Il a ajouté qu'il est «normal» pour la Grande-Bretagne de s'associer au Canada pour ouvrir des ambassades communes dans des endroits où c'est possible. «Cela va nous donner une plus grande présence à l'étranger, dont nos entreprises et nos citoyens profiteront, et cela, à un moindre coût», a-t-il dit.

Une source gouvernementale a confié à La Presse que le ministre Baird cherche depuis qu'il est en poste à conclure ce genre d'entente. «À un moment où les gouvernements de nombreux pays sont appelés à faire plus d'investissements étrangers qu'ils n'ont de fonds, il est tout à fait sensé de s'unir avec nos plus fidèles alliés pour profiter de nos ressources communes», a indiqué cette source.

Aucun pays n'a encore été précisé pour les débuts de cette aventure diplomatique commune. Le quotidien britannique Daily Mail a indiqué que la Grande-Bretagne, aux prises avec un déficit budgétaire important, voudrait conclure une entente similaire avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

Le NPD sceptique

Cette alliance diplomatique avec la Grande-Bretagne soulève de nombreuses questions qui méritent d'être examinées sous tous leurs angles, estime Paul Dewar, critique du NPD en Affaires étrangères.

M. Dewar soutient que cette initiative pourrait compromettre l'indépendance de la politique étrangère du Canada. Il a cité en exemple la guerre en Irak, en 2003, pour laquelle le Canada et la Grande-Bretagne n'avaient pas la même position. Le Canada était contre l'invasion américaine de l'Irak, tandis que la Grande-Bretagne a non seulement appuyé les États-Unis, mais elle y a envoyé des troupes pour soutenir les efforts des soldats américains.

Il a aussi donné comme exemple la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud, dans les années 1980. Le Canada, alors dirigé par Brian Mulroney, a mené une croisade pour éliminer cette politique raciste, malgré l'opposition de la première ministre britannique Margaret Thatcher.