Le premier ministre Stephen Harper affirme qu'il ne veut pas rouvrir le débat sur l'avortement, mais les députés conservateurs pourraient-ils en décider autrement mercredi prochain?

La question s'est posée avec acuité, hier, après que les députés eurent débattu pendant une heure de la motion du député conservateur de Kitchener-Centre, Stephen Woodworth, qui réclame la création d'un comité parlementaire chargé de déterminer à quel moment de la gestation un foetus devient un être humain.

À l'heure actuelle, l'article 223 du Code criminel dit qu'un enfant «devient un être humain [...] lorsqu'il est complètement sorti, vivant, du sein de sa mère».

À la Chambre des communes, hier, les députés conservateurs ayant pris la parole ont tous indiqué qu'ils appuieraient la motion du député Woodworth. Ils ont fait valoir qu'il est temps de mettre à jour la définition d'être humain en vigueur au Canada, laquelle date de plus de 400 ans.

«Certains disent que les tribunaux ont déjà réglé la question de savoir qui est un être humain au Canada. Pour être franche, ce n'est pas vrai. L'un après l'autre, les tribunaux ont soutenu que cet enjeu est si important qu'il incombe au Parlement d'en débattre et de prendre une décision au nom des Canadiens», a dit la députée de Mississauga-Sud, Stella Ambler, qui a été la première à prendre la parole du côté des conservateurs.

Elle a fait valoir que les études scientifiques ont démontré «que le coeur d'un enfant commence à battre 18 jours après sa conception», et que «les yeux commencent à s'ouvrir à huit semaines». «Les Canadiens et cette Chambre doivent entendre les experts à ce sujet. [...] Il appert qu'un enfant est un être humain bien avant d'être sorti du ventre de sa mère. Si cela est vrai, notre définition d'un être humain est mauvaise. Qui peut s'opposer à un dialogue respectueux sur une loi aussi importante?», a-t-elle ajouté, sous les applaudissements de plusieurs collègues.

Les conservateurs David Anderson et Mike Marawa ont également invité les élus à appuyer la motion controversée.

La députée néo-démocrate Irene Mathyssen a pour sa part accusé les conservateurs de vouloir rouvrir un débat clos depuis plusieurs décennies au pays. «Je ne tolérerai pas que des députés tentent d'empêcher de nouveau les femmes de disposer de leur corps comme elles l'entendent», a-t-elle tonné.

Le libéral Massimo Pacetti a abondé dans ce sens en accusant les conservateurs de vouloir retirer aux femmes un droit acquis de haute lutte.

Dans les rangs du parti au pouvoir, on soutient que cette motion sera rejetée par une écrasante majorité mercredi. «C'est une promesse électorale de ne pas rouvrir ce débat. Nous allons la respecter», a indiqué une source conservatrice, qui croit qu'une trentaine de députés conservateurs, tout au plus, appuieront la motion de M. Woodworth.