Le gouvernement Harper soutient que l'économie continuera d'être sa priorité à la reprise des travaux de la Chambre des communes, lundi. Mais des dossiers comme l'unité nationale, le bilinguisme officiel, l'avortement, la protection de l'environnement et la prise de contrôle d'entreprises canadiennes par des sociétés étrangères pourraient faire dérailler ses ambitions.

Les partis de l'opposition affirment aussi que la création d'emplois et la reprise économique doivent être au coeur des priorités des élus, et ils n'hésiteront pas à tirer profit des bévues que pourrait commettre le gouvernement Harper dans ces dossiers.

L'unité nationale apparaît à nouveau sur l'écran radar à Ottawa depuis l'élection d'un gouvernement péquiste le 4 septembre dernier. Les relations entre le gouvernement de Stephen Harper et celui de Pauline Marois seront mises à l'épreuve rapidement, même si les conservateurs disent ne pas souhaiter réveiller les «chicanes constitutionnelles du passé».

Registre des armes à feu

La semaine dernière, le juge Marc-André Blanchard, de la Cour supérieure, a donné raison au gouvernement du Québec, qui souhaite conserver les données du registre des armes d'épaule afin de créer son propre registre. Ottawa, qui a adopté au printemps une loi abolissant ce registre, tente de détruire toutes les données. Le gouvernement Harper dispose de 30 jours pour interjeter appel de cette décision. S'il décide de le faire, comme on s'y attend, il s'agira du premier affrontement entre les conservateurs et le gouvernement péquiste.

Les conservateurs devront également afficher leurs véritables couleurs en ce qui concerne l'obligation des agents du Parlement de maîtriser les deux langues officielles. Le gouvernement Harper s'est retrouvé sur la défensive l'an dernier lorsqu'il a nommé Michael Ferguson, unilingue anglophone, au poste de vérificateur général. Pour éviter une autre nomination de ce genre, le NPD a déposé un projet de loi imposant le bilinguisme comme critère d'embauche pour 10 agents du Parlement. Le ministre d'État à la Petite Entreprise et au Tourisme, Maxime Bernier, a appuyé le projet de loi; mais au même moment, son collègue du Patrimoine, James Moore, s'y est opposé, avant de dire 24 heures plus tard, que le gouvernement n'avait pas encore arrêté sa décision. Le vote sur le projet de loi du NPD devrait avoir lieu en octobre.

Débat sur l'avortement?

La question de l'avortement sera aussi à l'ordre du jour, gracieuseté du député conservateur de Kitchener-Waterloo, Stephen Woodworth, qui a déposé une motion visant à créer un comité pour examiner si un foetus doit être considéré comme un «être humain». Stephen Harper s'oppose à cette motion, qui sera mise aux voix cet automne. En campagne électorale, il a promis de ne pas rouvrir le débat sur l'avortement. Mais il n'est pas acquis que ses députés respecteront son souhait puisqu'il s'agira d'un vote libre.

Le gouvernement Harper devra aussi décider s'il autorise l'achat de l'entreprise albertaine d'hydrocarbures Nexen Inc. par la China National Offshore Oil, une société d'État chinoise. Les conservateurs, qui sont favorables aux lois du marché, ont déjà rejeté deux tentatives d'achat d'une entreprise canadienne par des intérêts étrangers depuis 2006. Mais, s'il bloque cette offre d'achat, M. Harper risque d'offusquer un géant économique qu'il courtise ardemment depuis trois ans.

La construction de l'oléoduc Northern Gateway risque aussi d'alimenter la controverse à la Chambre des communes. Ce projet de 5,5 milliards de dollars, qui vise la construction d'un oléoduc de 1200 km qui assurerait le transport de 525 000 barils de brut par jour tirés des sables bitumineux de l'Alberta jusqu'à un port de la Colombie-Britannique, est fortement contesté par les groupes écologistes, le NPD fédéral et le NPD de la province - qui mène largement dans les sondages à huit mois des élections provinciales. Une commission d'évaluation environnementale étudie actuellement le projet, qui est, selon les conservateurs, essentiel pour acheminer le pétrole albertain vers le marché asiatique.

L'intention du gouvernement Harper de déposer un deuxième projet de loi omnibus visant à mettre en oeuvre d'autres mesures contenues dans le dernier budget risque enfin de provoquer un autre affrontement avec les partis de l'opposition. Au printemps, le NPD, le Parti libéral et le Parti vert s'étaient unis pour forcer un marathon de votes sur le projet de loi omnibus C-38, parce qu'il contenait également des mesures touchant l'environnement, les régimes de pension et l'assurance emploi.