Les agents correctionnels du Canada exhortent le gouvernement Harper à agir pour freiner le surpeuplement des milieux carcéraux. Ils considèrent qu'Ottawa fait la sourde oreille devant leurs requêtes.

Réunis ce week-end à Calgary, la circonscription du premier ministre Stephen Harper, des agents correctionnels de partout au pays ont exprimé leurs préoccupations quant à la «ligne dure» promue par les conservateurs en matière de criminalité.

Ces nouvelles politiques fédérales «font la vie dure» aux agents correctionnels, indique le président national du Syndicat des agents correctionnels sur Canada, Pierre Malette.

M. Malette a passé les quatre dernières semaines à discuter des impacts des décisions du gouvernement conservateur sur les conditions de travail des agents à l'occasion d'une tournée pancanadienne, qui l'a mené dans les différents établissements carcéraux du pays.

Les inquiétudes des agents sont les mêmes dans toutes les provinces, selon M. Malette. La surpopulation des pénitenciers, l'occupation double des détenus par cellule, l'augmentation de la violence, et l'efficacité de programme de réhabilitation des détenus inquiètent.

M. Malette déplore aussi le dialogue unidirectionnel entre son organisation et le gouvernement. Depuis deux ans, le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, n'a accordé qu'un entretien d'à peine dix minutes au syndicat: «on nous réfère toujours à ses attachés politiques, mais malheureusement, c'est (M. Toews) le ministre au final», lance-t-il.

En avril, l'annonce de la fermeture de trois établissements (le pénitencier de Kingston et le Centre régional de traitement en Ontario, puis l'établissement Leclerc au Québec) a eu l'effet d'une bombe chez les employés.

«Ça a été un effet-surprise. Il n'y a jamais eu de consultations auprès de qui que ce soit, auprès des intervenants de première ligne ou du syndicat sur quels seraient les impacts de ces décisions-là», souligne M. Malette. Il dénonce le manque de cohérence des conservateurs qui tentent de contenir plus de détenus dans moins de prisons.

Ces coupes réduiront la capacité cellulaire de 1000 cellules, prévient-il. «Avec ce qu'on vit déjà dans les autres établissements, je peux vous dire que ça cause des problèmes».

Le syndicat s'attend aussi à ce que les lois C-10 et C-25 aient de graves répercussions sur le système carcéral. Les établissements ne sont pas prêts à une augmentation de la population de détenus que provoqueront ces politiques de répression de la criminalité, estime M. Malette.

Le président souligne d'ailleurs que les nouvelles unités annoncées par le gouvernement n'augmenteront pas la capacité cellulaire, compte tenu de la fermeture de trois établissements.

Le syndicat demande l'appui de la population pour tenter de rétablir le contact avec Ottawa et discuter de l'urgence de la situation. Les Canadiens sont donc appelés à expédier des lettres au gouvernement afin d'exiger des rencontres.