À l'instar de l'Union européenne, les États-Unis contribuent à l'incertitude économique mondiale en étant incapables de s'attaquer d'une manière décisive à leur imposant déficit chronique, estime le premier ministre Stephen Harper.

La situation budgétaire ne risque pas de s'améliorer de sitôt chez nos voisins du Sud en cette année d'élection présidentielle, a laissé entendre M. Harper dans une entrevue accordée au réseau Sun News Network dans le cadre de l'émission Byline With Brian Liley.

C'est la première fois que le premier ministre affiche aussi ouvertement son impatience devant l'impasse budgétaire qui persiste aux États-Unis, principal partenaire commercial du Canada.

Incertitude

La dette publique cumulée américaine dépasse les 16 061,666 milliards de dollars et augmente de 3,35 milliards de dollars chaque jour. À ce rythme, le plafond de la dette de 16 400 milliards de dette autorisé par le Congrès l'an dernier sera atteint dès la fin de l'année. Mardi, l'agence Moody's a fait savoir qu'elle n'hésiterait pas à abaisser la note de la dette souveraine américaine de son maximum actuel AAA au niveau inférieur AA1, si le Congrès n'adopte pas un plan visant à réduire le ratio entre la dette publique et le produit intérieur brut (PIB) du pays lors de sa session budgétaire de 2013.

«L'incertitude continue de planer au-dessus de l'Union européenne, bien que nos amis européens aient fait des pas dans la bonne direction au cours des derniers mois. Il reste encore beaucoup de choses à faire avant de rétablir l'ordre dans cette région. Mais il n'y a pas beaucoup de certitude au sud de notre frontière. L'ampleur des problèmes financiers des États-Unis cause aussi de l'incertitude», a affirmé sans ambages M. Harper.

Un éventuel bras de fer entre les républicains et les démocrates au Congrès sur tout plan de réduction du déficit pourrait avoir un impact majeur sur les marchés financiers et la confiance des investisseurs, comme ce fut le cas en 2011.

Pour Stephen Harper, il est évident que les États-Unis mettront beaucoup de temps à s'extirper de cette situation précaire, d'où l'importance de diversifier les échanges commerciaux et de dénicher de nouveaux marchés pour nos exportations.

Depuis quelques années, le gouvernement Harper multiplie les ententes de libre-échange avec de nouveaux partenaires et tente de conclure des traités avec des blocs économiques importants comme l'Union européenne, l'Inde et le Japon.

Mesures d'austérité

Même s'il a soutenu ne pas vouloir s'immiscer dans les affaires intérieures des États-Unis, M. Harper n'a pu s'empêcher de dire que les autorités américaines, peu importe qui sera élu président en novembre, doivent adopter des mesures «d'austérité» afin de sortir le pays de la spirale d'endettement dans laquelle il se trouve depuis quelques années.

«Les États-Unis vont toujours demeurer un partenaire commercial majeur. Mais si la croissance de l'économie des États-Unis doit être très lente pour une très longue période, nous devons absolument diversifier nos marchés commerciaux. C'est ce que mon gouvernement s'évertue à faire depuis quelque temps», a-t-il affirmé.

Selon le premier ministre, cette incertitude est malheureusement devenue «la nouvelle norme» dans le domaine de l'économie. Dans ce contexte, il importe de dire aux Canadiens en général et aux investisseurs en particulier que le Canada met tout en oeuvre afin de soutenir la croissance économique et la création d'emplois à court et à moyen terme.

«Nous devons nous assurer d'avoir des politiques qui vont au-delà de ces turbulences économiques afin de bien préparer le Canada à l'économie radicalement différente qui est en train d'émerger», a dit M. Harper.