Ottawa évalue les risques liés à la sécurité pour son ambassade à Tripoli, au lendemain de l'attaque qui a coûté à la vie l'ambassadeur américain en Libye, Christopher Stevens, ainsi qu'à trois de ses compatriotes.

Le ministère des Affaires étrangères canadien a également modifié ses recommandations à l'égard des voyageurs en les incitant à «éviter tout voyage à Benghazi et dans les régions de Sabha et de Kufra en raison du caractère imprévisible des conditions de sécurité». Avant le récent attentat, Ottawa recommandait simplement d'y éviter tout voyage non essentiel.

Le drame est survenu dans la nuit de mardi à Benghazi, quand des hommes armées de mitrailleuses et de grenades ont pris d'assaut le consulat américain. L'ambassadeur âgé de 52 ans et trois de ses collègues ont été assassinés alors qu'ils tentaient d'évacuer le personnel du consulat.

Une thèse a circulé voulant que les responsables de l'attaque - première d'envergure depuis la chute du régime de Mouammar Khadafi - protestaient contre un film jugé insultant pour l'Islam qui circulait sur Internet. Certains ont cependant fait valoir que l'attentat semblait trop bien planifié pour être le fruit d'une simple éruption de colère. Les adeptes de la deuxième théorie croient que l'attaque a plutôt été orchestrée pour marquer le 11e anniversaire des attentats du World Trade Center à New York.

À la lumière de cet événement, le Canada n'exclut pas de modifier la sécurité entourant son personnel en Libye, voire dans la région. Ottawa a d'ailleurs récemment choisi de fermer son ambassade à Téhéran, en Iran, invoquant notamment des raisons de sécurité à l'égard de ses diplomates.

«Nous ne sommes évidemment pas présents à Benghazi, mais comme vous vous en doutez, nous allons évaluer l'environnement, comme nous le faisons régulièrement pour notre personnel à Tripoli», a expliqué le ministre des Affaires étrangères John Baird en conférence téléphonique mercredi.

Dans son budget de 2010, le gouvernement conservateur injectait 450 millions $ sur sept ans pour améliorer la sécurité des ambassades canadiennes. «Nous avons fait une évaluation exhaustive de cela et des investissements stratégiques dans un nombre d'ambassades, chancelleries et résidences à travers le monde», a rappelé le ministre Baird de New Delhi, en Inde, où il complétait un voyage officiel.

«Évidemment, nos diplomates ne se sont pas enrôlés pour être des soldats et leur sécurité est une haute priorité. Nous avons fait des avancées au cours des 10 dernières années pour attendre ces buts. Il y a des secteurs pour lesquels il y a encore de la place pour des améliorations et évidemment nous sommes saisis par l'importance de cela.»

Après l'attaque de Benghazi, le président américain Barack Obama a de son côté ordonné à ce que la sécurité soit renforcée autour des postes diplomatiques américains à travers le monde.

Condamnation

Gouverment et partis d'opposition au pays ont condamné d'une seule voix cette attaque qualifiée «d'insensée» et offert leur sympathies aux familles et amis des victimes.

Le Canada a par ailleurs exhorté le gouvernement de la Libye à traduire en justice aussi rapidement que possible les «extrémistes» responsables de l'attentat. Le ministre Baird a demandé également aux autorités lybiennes de prendre toutes les actions qui s'imposent afin de protéger les enceintes diplomatiques au pays.

Le ministre de la Défense Peter MacKay a pour sa part signalé que le Canada avait un intérêt direct à s'assurer que la sécurité et la stabilité se répandent en Lybie.

Quant à l'ambassadeur américain au Canada, il s'est dit «particulièrement touché par la mort de Sean Smith», un officier responsable de la gestion de l'information, qui a récemment servi au consulat américain à Montréal.