La fermeture de l'ambassade canadienne en Iran était planifiée depuis plusieurs mois, a laissé entendre le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, hier.



Le moment choisi pour rompre les liens diplomatiques avec l'Iran, vendredi, a surpris plusieurs personnes et continue de soulever des interrogations: un incident précis a-t-il mené à cette décision?

Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a énoncé une série de raisons: l'aide militaire fournie au régime Assad en Syrie, les attaques verbales à l'endroit d'Israël, les violations des droits de la personne et la menace nucléaire qui préoccupe de plus en plus la communauté internationale.

En marge d'une annonce relative à son ministère, hier, M. Kenney a fourni quelques explications supplémentaires. «Nous avons fermé notre bureau de visas à Téhéran il y a environ trois mois», a-t-il rappelé dans une entrevue à la télévision de CBC.

«Nous l'avons fait en partie parce que nous nous attendions à devoir fermer notre ambassade, a-t-il précisé. Nous voulions le faire par étapes, et non pas tout d'un coup. C'était la chose prudente à faire.»

Comme le premier ministre Stephen Harper dimanche et le ministre Baird la semaine dernière, le ministre Kenney a rappelé l'attaque lancée sur l'ambassade de la Grande-Bretagne à Téhéran, il y a quelques mois, qui a mené à sa fermeture. Les États-Unis ont fermé la leur il y a plus de 30 ans.

«Nous n'allons pas nous avancer sur des menaces précises», a poursuivi Jason Kenney. Mais selon lui, il est clair que le Canada aurait pu être le prochain pays sur la liste. «Qui est le pays en tête de ceux qui critiquent l'Iran à l'Assemblée générale des Nations unies?» a-t-il lancé. Un peu plus tôt, en conférence de presse, il avait aussi soulevé la frustration croissante du gouvernement canadien à l'égard du refus du régime iranien de reconnaître la double citoyenneté - en particulier dans les cas où des gens titulaires des deux passeports sont jetés en prison. Au moins trois personnes sont dans cette situation à l'heure actuelle, dont deux qui font face à la peine de mort. «Même nos efforts les plus vigoureux pour représenter les intérêts de ces individus sont obstrués de manière totale et constante», a-t-il dénoncé.

Quant à la décision du Canada de donner cinq jours aux diplomates iraniens pour quitter le Canada, encore une fois, le ministre n'a pas voulu entrer dans les détails.

«Leur ambassade représentait un poste d'écoute, une plateforme, qui n'était pas nécessairement dans l'intérêt national du Canada, de nos alliés ou de la communauté canado-iranienne», a-t-il dit. Il a évoqué aussi des cas de harcèlement à l'égard de cette communauté.

Réactions partagées

L'éditeur de Paivand, un bimensuel en persan publié à Montréal, estime que la communauté iranienne du Canada est partagée à l'égard des récents événements. «On reçoit beaucoup d'appels, a confié Mohammad Rahimian. La situation a causé bien des maux de tête et de l'anxiété à la communauté qui vit au Canada.»

Mais en même temps, a-t-il ajouté, «il y a un sentiment d'admiration, que j'ai entendu de plusieurs personnes. Elles sont heureuses qu'un pays fasse enfin quelque chose de plus sérieux».

Quant à savoir pourquoi le gouvernement canadien a choisi d'agir précisément maintenant, «ça demeure la grande question», a lancé l'éditeur.

En entrevue à CBC au cours du week-end, le premier ministre d'Israël, Benyamin Nétanyahou a indiqué que son gouvernement ne savait pas que le Canada couperait les liens avec l'Iran et qu'il n'avait pas partagé d'information particulière avec le gouvernement Harper.

Il a par ailleurs reconnu qu'il multipliait les pressions sur les États-Unis pour qu'ils définissent des «lignes rouges claires» que l'Iran ne devra pas franchir dans l'exploitation de son potentiel nucléaire. M. Nétanyahou est resté vague quant à la forme que pourraient prendre les actions attendues.

Hier, l'Agence internationale de l'énergie atomique a quant à elle exprimé sa frustration à l'égard de son dialogue avec l'Iran, qui ne progresse pas.

- Avec l'Agence France-Presse