Les chefs des principaux partis politiques au Québec courtisent les électeurs en promettant une bonne gestion des finances publiques en prévision des élections du 4 septembre. Mais en proposant leurs solutions, ils pourraient s'inspirer des méthodes appliquées en Saskatchewan.

Cette province de l'ouest du pays a réussi un véritable tour de force en présentant un budget équilibré ou excédentaire au cours des 18 derniers exercices financiers, selon les tableaux de référence financiers des divers gouvernements du pays consultés par La Presse.

L'Alberta est souvent perçue comme le moteur de la croissance économique au pays en raison des importantes retombées économiques de l'industrie des sables bitumineux. Mais c'est véritablement la Saskatchewan qui se distingue sur le plan de la bonne gestion des finances publiques.

Les statistiques sont assez éloquentes: près de deux décennies de budgets équilibrés ou excédentaires, un record pour un gouvernement au pays. Le dernier déficit, qui se chiffre à 272 millions de dollars, remonte à 1993-1994. Encore cette année, le gouvernement de Brad Wall prévoit un surplus de 100 millions.

Les déficits évités

Cette discipline budgétaire a été instaurée par un gouvernement de gauche dirigé par le néo-démocrate Roy Romanow. Elle a été suivie avec la même ardeur par les autres chefs de gouvernement, y compris Brad Wall, à la tête du Parti saskatchewanais et au pouvoir depuis 2007. L'objectif était de faire en sorte que la province vive selon ses moyens et rembourse sa dette autant que faire se peut.

La Saskatchewan a même évité de retomber dans l'ornière des déficits dans la foulée de la crise financière de 2008, alors que tous les autres gouvernements du pays, y compris la richissime province de l'Alberta, ont renoué avec l'encre rouge. Le gouvernement conservateur de l'Alberta a déposé des budgets déficitaires au cours des cinq derniers exercices financiers. Rappelons que cette province n'a plus de dette depuis 2001 et puise dans son fonds de réserve pour éponger les déficits.

Une province en ébullition

Autre chiffre intéressant, la Saskatchewan a remboursé plus de la moitié de sa dette au fil des 18 dernières années. Ce boulet financier est donc passé de 7,8 milliards en 1993-1994 de dollars à 3,5 milliards en 2011-2012.

Mieux encore, l'économie de la Saskatchewan se porte si bien qu'elle a cessé de toucher des paiements de péréquation il y a cinq ans. Elle fait donc partie de la liste des quatre provinces (Colombie-Britannique, Alberta, Saskatchewan et Terre-Neuve) qui n'en reçoivent plus. Le Québec, à lui seul, touche 7,4 milliards de dollars en péréquation cette année.

À titre de comparaison, le Québec a réussi à équilibrer son budget durant 8 des 18 derniers exercices financiers. C'est tout de même mieux que l'Ontario, qui a enregistré des déficits souvent imposants durant 11 des 18 derniers exercices financiers.

«Les choses ont vraiment changé en Saskatchewan, a affirmé à La Presse, Bruce Anderson, professeur d'entrepreneuriat et de stratégie à l'Université de Regina. On ne se targue pas trop de ces succès, car c'est un peu la nature des gens en Saskatchewan. Mais il règne un état d'esprit complètement différent ici. Depuis 2007, la province a un surplus migratoire, c'est-à-dire que plus de gens viennent s'installer ici au lieu de quitter la province.»

Un taux de chômage frisant à peine 5% et une économie en pleine expansion ont modifié la donne. La province est riche en ressources naturelles: la potasse, l'uranium, le gaz naturel, le pétrole, l'or et les diamants.

«Pratiquement tous les minerais qui sont exploités dans le monde se trouvent ici, a indiqué M. Anderson. Il y a d'ailleurs une grave pénurie de main-d'oeuvre. On prévoit qu'il faudra embaucher 12 000 travailleurs dans le secteur des mines seulement au cours des 10 prochaines années.» Sans compter que le secteur agricole continue de soutenir l'économie de la province.

«Notre secteur des ressources nous a permis d'éviter le pire durant la crise de 2008. De plus, nous dépendons moins que les autres provinces des États-Unis pour nos exportations», a souligné Bruce Anderson.