L'un des plus importants détracteurs du programme des avions furtifs F-35 a un conseil très simple pour le gouvernement de Stephen Harper: essayez avant d'acheter.

Winslow Wheeler, un ancien analyste militaire à Washington, a déclaré qu'il faudrait être «idiot» pour s'engager à acheter le chasseur polyvalent avant la fin des tests et de la phase de développement en 2019.

M. Wheeler est l'un des quatre experts ayant témoigné au Parlement, mardi, devant un comité formé de députés du Nouveau Parti démocratique (NPD), qui ont interrompu leurs vacances estivales dans le but de remettre le controversé programme sur la sellette.

Le spécialiste américain a rappelé que le F-35 n'avait complété que le quart de ses essais en vol, que les simulations de combat commenceraient en 2017 et ne se termineraient pas avant 2019. Selon lui, quiconque achète l'un de ces avions avant cette date ne sait pas ce qu'il obtiendra en terme de rendement et de coûts.

Le gouvernement conservateur prévoit acquérir un petit nombre de F-35 du fabricant Lockheed Martin dès 2016.

L'avis de Winslow Wheeler était partagé par Alan Williams, un ex-fonctionnaire du ministère de la Défense et l'auteur d'un livre critiquant la gestion du programme des avions furtifs par Ottawa, programme qui pourrait coûter aux contribuables canadiens entre 25 et 40 milliards $ sur 30 ans.

«Habituellement au Canada, avec nos budgets limités, nous évitons les produits en développement, a expliqué M. Williams, qui a été sous-ministre adjoint pour le matériel à la Défense nationale jusqu'en 2005. Nous préférons plutôt acheter des produits qui ont fait leurs preuves.»

De son côté, Philippe Lagassé, un expert de l'approvisionnement militaire de l'Université d'Ottawa, se dit inquiet du fait que le gouvernement Harper se lance tête première dans ce programme sans expliquer pourquoi l'Aviation royale canadienne a besoin des avions furtifs.

«Toutes les acquisitions dans le domaine de la défense doivent être liées à des politiques gouvernementales», a-t-il indiqué.

Les conservateurs assurent que la stratégie de défense «Le Canada d'abord» fournit les politiques requises alors que leurs opposants affirment qu'il ne s'agit que d'une liste d'achats qui ne précise pas quelles menaces pèsent sur le pays et comment l'armée entend y faire face.

Le porte-parole néo-démocrate en matière de défense, Jack Harris, a déclaré que le parti utiliserait le témoignage des spécialistes pour étayer leurs arguments contre le programme.