Il est difficile d'obtenir des renseignements sur le Sénat canadien par Internet.

Par exemple, lorsque Pascal Raiche-Nogue, un journaliste de l'hebdo acadien L'Étoile, a tenté de connaître l'assiduité des sénateurs néo-brunswickois, on lui a dit qu'il devait se rendre à Ottawa afin de consulter le registre des présences, un gros classeur rempli de formulaires remis mensuellement par chaque membre de la Chambre haute.

Le registre a été instauré en 1998 à la suite du scandale entourant le sénateur libéral Andrew Thompson, qui brillait souvent par son absence au Sénat. Ce document demeure toutefois embourbé dans une époque où l'Internet et la transparence du gouvernement n'avaient pas la cote. Le site Web du Sénat n'offre par ailleurs aucune information sur la façon d'accéder à ce registre ni même sur sa localisation, mais le personnel des communications accepte de donner un coup de main pour ceux qui s'y intéresseraient.

Un autre registre public, détaillant les intérêts financiers et commerciaux des sénateurs, n'a été que récemment rendu disponible, et ce, à raison de quatre heures par fin de semaine au Bureau du conseiller sénatorial en éthique à Ottawa. Le Sénat a voté en mai pour permettre l'accès au registre, mais le bureau a précisé que la transition ne serait complétée qu'en 2013.

Contrairement à la Chambre des communes, les débats sénatoriaux ne sont toujours pas télévisés. Il est difficile d'en connaître les teneurs ou les résultats des votes en utilisant la banque de données en ligne du Sénat.

Ce manque d'ouverture surprend et même scandalise certains militants en faveur d'un gouvernement plus transparent. Selon l'un d'entre eux, David Eaves, ce manque d'ouverture n'est pas une façon intelligente de gérer les choses, particulièrement pour une institution qui n'est pas perçue par la population comme étant très démocratique.

«J'estime que c'est absolument choquant. Il s'agit d'une institution financée à même les fonds publics qui devrait représenter le coeur de notre démocratie et pourtant, cette institution tente de rendre l'accès à son information le plus difficile possible», a-t-il déclaré.

Une porte-parole de la leader du gouvernement au Sénat, Marjory LeBreton, a indiqué que cette dernière n'était pas disponible pour commenter la situation. Mme LeBreton a demandé à un comité sénatorial de réviser les règles concernant la présence. On ignore si cette révision doit également se pencher sur l'accessibilité au registre.

Un des problèmes est que le registre n'est pas précis sur les raisons d'une absence d'un sénateur.

Un sénateur doit payer une amende de 250$ par jour s'il dépasse sa banque de 21 jours de congé. Ce solde de congés n'est d'ailleurs pas inscrit au registre.

En juin, La Presse Canadienne avait révélé, en se basant sur des documents remplis en avril, que le sénateur conservateur Patrick Brazeau affichait la pire performance en matière de présence pendant la session parlementaire qui vient de se terminer. Les données pour le mois de mai indiquent que le sénateur libéral Roméo Dallaire avait rejoint M.Brazeau en tête de ce classement peu honorable. Le premier a évoqué des motifs personnels pour expliquer ses absences tandis que le deuxième a mis de l'avant des recherches effectuées outre-mer et des activités publiques.