Plus de 5300 fonctionnaires fédéraux ont appris mercredi qu'ils pourraient perdre leur emploi.

Ainsi, près de 4000 membres de l'Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC) ont été avisés que leur poste est menacé, comme 1200 de leurs collègues affiliés à l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada, qui représente une bonne partie des scientifiques à l'emploi du gouvernement fédéral. Au niveau de l'Association canadienne des employés professionnels, ce sont 245 employés qui ont reçu des avis à cet effet ce mercredi.

Les employés qui ont été informés que leur poste est «touché» ne perdront pas forcément leur emploi. Mais leur poste se retrouve sur une liste de ceux qui pourraient être appelés à disparaître au sein des différents ministères et agences fédérales.

Plus de 23 000 employés fédéraux ont déjà été avisés que leur emploi pourrait disparaître. Il s'agit d'une partie du plan du gouvernement Harper visant à faire des économies de quelque 5 milliards $.

Une dizaine de ministères et d'agences sont affectés par cette vague de compressions mercredi.

Le ministère des Ressources humaines est le plus touché dans cette masse d'avis: 2127 employés en ont reçu un mercredi. Le Québec est la province qui risque de perdre le plus d'employés dans ce ministère. Et de ceux qui ont reçu les avis mercredi, au moins 1450 travaillent à Service Canada.

L'Agence du revenu du Canada écope fortement avec 1212 avis envoyés à ses employés, dont bon nombre de vérificateurs du programme d'enquêtes criminelles et de celui de divulgation volontaire. Au moins 110 vérificateurs du Québec ont été avisés de la perte possible de leur emploi, a indiqué l'Institut professionnel. Selon l'AFPC, tous les comptoirs de renseignement seront aussi fermés. Les citoyens seront donc invités à chercher l'information sur le site Web de l'Agence, ou encore à attendre patiemment au téléphone.

Pêches et Océans, qui subit sa troisième vague de compressions depuis décembre, voit 429 de ses employés menacés par les envois de lettres mercredi. Sur cela, 37 biologistes et 6 chercheurs, a aussi précisé l'Institut professionnel de la fonction publique.

Plus de 600 employés de Justice Canada sont affectés, et environ 350 à la Défense nationale, s'ajoutant aux 1124 qui avaient reçu pareils avis en avril.

Et 23 employés de la Biosphère de Montréal risquent de perdre leur emploi, relève l'AFPC.

Lors du dépôt de son budget, en mars dernier, à la Chambre des communes, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a annoncé l'abolition de quelque 19 000 emplois dans la fonction publique fédérale.

L'AFPC se dit frustrée d'être tenue dans l'ignorance sur l'impact que ces coupes auront sur les services aux citoyens.

«Les ministères ne dévoilent ni aux syndicats ni au public quels programmes et services seront coupés, s'indigne la présidente nationale de l'AFPC, Robyn Benson. Quand ils l'apprendront, il sera trop tard».

Des compressions qui inquiètent aussi le Nouveau Parti démocratique (NPD). Le député Mathieu Ravignat dénonce le manque de transparence du gouvernement.

«Les coupures annoncées, les chiffres ne disent pas la vérité au complet. On ne saura pas le nombre de postes qui sera coupé au bout du processus. Ça peut avoir un effet direct sur les services aux Canadiens.»

C'est pourquoi il s'inquiète du grand nombre d'employés de Service Canada qui ont reçu des avis.

Surtout alors qu'il rapporte que dans certains cas, un chèque de sécurité de la vieillesse peut prendre jusqu'à 8 semaines à parvenir à destination.

«Il y a fort à parier que la qualité des services va diminuer considérablement», renchérit le député bloquiste Jean-François Fortin.

Inquiétude aussi du côté des abolitions de postes possibles chez Pêches et Océans.

«Ça rentre en plein dans l'idéologie de ce gouvernement-là qui est de faciliter certains projets économiques vis-à-vis d'autres et ça remet en question la qualité de notre environnement et de notre eau», commente M. Ravignat.

La situation chez Pêches et Océans inquiète aussi le Bloc québécois. Selon Jean-François Fortin, ce sont 132 emplois d'analystes de l'habitat des poissons qui risquent de subir le couperet. Ceux-ci s'assuraient que des projets comme des ponts et des routes n'allaient pas dégrader les cours d'eau où vivent les poissons. Une cinquantaine de lettres ont été envoyées au Québec selon ses informations.

De la part d'un gouvernement qui «veut alléger les contraintes environnementales», souligne-t-il.