Le ministère de la Défense ne lésine pas sur les moyens pour réduire le stress de ses employés ou les guider dans la résolution de conflits. Au cours des cinq dernières années, il a acheté 53 000 balles antistress de couleur orange portant le logo du ministère de la Défense.

L'achat de ces milliers de balles spongieuses a coûté plus de 50 000$ aux contribuables, révèlent des documents obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Le ministère de la Défense avait été ridiculisé sur les médias sociaux et les sites internet en janvier après qu'il eut été révélé qu'il avait commandé 20 000 balles antistress devant être remises aux employés dans le cadre d'une formation portant sur la résolution de conflits. Le ministre de la Défense, Peter MacKay, avait ordonné qu'on annule ce contrat, au moment où le gouvernement Harper s'apprêtait à imposer des compressions de 5,2 milliards par année d'ici trois ans au sein de l'appareil de l'État dans le but d'éliminer le déficit d'ici à 2015.

Or, il appert que cette commande qui a été annulée n'était pas la première faite par le ministère de la Défense, selon nos informations.

«Au cours des cinq dernières années, le ministère de la Défense nationale a acheté 53 000 balles antistress de l'entreprise D2K Communications et a dépensé plus de 50 000$, taxes comprises», a confirmé Mélanie Villeneuve, conseillère en communications au ministère de la Défense.

«Ces balles antistress étaient utilisées comme articles promotionnels et comme matériel didactique pour expliquer le concept de la négociation et de la communication axée sur les intérêts dans les techniques de résolution des conflits», a ajouté Mme Villeneuve dans un courriel envoyé à La Presse.

Des commandes non autorisées par le ministre

Au bureau du ministre de la Défense, on affirme que M. MacKay n'a autorisé aucun contrat d'achat de ces balles.

«Les achats précédents n'ont pas été approuvés par le ministre MacKay. Toutefois, le ministre MacKay a annulé un contrat d'achat plus tôt cette année et a donné instruction de ne plus jamais acheter ces balles», a indiqué le directeur des communications, Jay Paxton.

Le directeur de la Fédération canadienne des contribuables, Gregory Thomas, s'est montré peu impressionné par l'achat de toutes ces balles par le ministère de la Défense.

«Il semble que les employés du ministère de la Défense aient tellement travaillé à faire tous ces calculs concernant l'achat des avions F-35 au cours des dernières années qu'ils étaient vraiment stressés», a ironisé M. Thomas.

«Je présume que les analystes du ministère de la Défense ont eu besoin de toutes ces balles pour tenter de tirer au clair les histoires de Peter MacKay et des ministres Julian Fantino et Rona Ambrose sur les coûts réels des F-35», a-t-il ajouté.

Le ministère de la Défense a été vertement critiqué par le vérificateur général Michael Ferguson pour avoir sous-estimé de 10 milliards les coûts d'achat et d'entretien des 65 avions F-35. Ces avions, que veut acheter le gouvernement Harper afin de remplacer la flotte vieillissante des CF-18 d'ici à 2023, coûteraient en tout au moins 25 milliards de dollars, selon le Vérificateur général.

- Avec William Leclerc