Le gouvernement Harper a défendu sa tentative d'adhérer au futur traité de libre-échange qui liera une douzaine de pays du Pacifique, mercredi, devant une opposition qui veut savoir ce qu'Ottawa a dû mettre sur la table pour être invité aux pourparlers.

Au sommet du G20 au Mexique, mardi, le premier ministre Stephen Harper a annoncé en grande pompe que le Canada rejoindra la table de négociations du Partenariat trans-Pacifique (PTP). Cet ambitieux traité pourrait bientôt mener à la création d'une vaste zone de libre-échange regroupant 11 pays, une population totale de 658 millions d'habitants et un PIB combiné de 20,5 trillions.

Mais l'adhésion au traité risque d'avoir un prix, craignent les partis de l'opposition. Certains pays participant à la création du PTP souhaitent que le Canada renonce au système dit de «gestion de l'offre».

Par ce système, des barrières tarifaires protègent les producteurs de lait et d'oeufs de la concurrence étrangère. Les éleveurs négocient collectivement le prix de leurs produits avec les entreprises qui les achètent. La méthode place les producteurs à l'abri des fluctuations du marché.

Intentions

Aux Communes, le Nouveau Parti démocratique (NPD) a demandé au premier ministre ce qu'il avait dû mettre sur la table pour obtenir une invitation.

«La réponse est rien, a rétorqué Stephen Harper. Notre analyse de ces négociations, jusqu'à maintenant, est que ces négociations sont à des étapes très préliminaires. C'est important pour le Canada d'y participer.»

Mais l'opposition n'est pas rassurée pour autant. Peggy Nash, critique du NPD en matière de finances, exige que le gouvernement conservateur exprime clairement ses intentions.

«C'est quelque chose que même ce gouvernement a déjà mentionné, comme barrière aux négociations, au libre-échange, a-t-elle dit. Alors, on est très préoccupés que ce soit sur la table de négociations.»

Le chef libéral, Bob Rae, estime que le gouvernement doit éviter de larguer la gestion de l'offre, qu'il décrit comme un «principe fondateur de [l']agriculture» canadienne.

«Les agriculteurs qui ont le bénéfice du système de la gestion de l'offre ont les moyens les plus stables, ils ont plus de stabilité dans leur vie que tout autre domaine de l'agriculture», a-t-il souligné.

L'abandon de la gestion de l'offre aurait des effets beaucoup plus prononcés au Québec, où 40% des agriculteurs en bénéficient.

Mais pour l'heure, le président de l'Union des producteurs agricoles, Marcel Groleau, n'est pas inquiet outre mesure. Il dit n'avoir décelé aucun indice que le gouvernement Harper songe à renoncer au système de mise en marché.

«On va suivre le gouvernement de très près, mais on fait aussi confiance au fait que le gouvernement s'est engagé à plusieurs reprises à défendre et à maintenir la gestion de l'offre au Canada», a-t-il indiqué en entrevue.

Le Parti conservateur s'est engagé à protéger la gestion de l'offre dans sa dernière plateforme électorale.