Chantre de la rigueur budgétaire, Stephen Harper a été reçu jeudi à Paris par le nouveau président français, François Hollande, socialiste et partisan de la croissance des dépenses comme remède à la crise.

Cette deuxième rencontre entre les deux hommes, qui s'étaient vus au G8 de Camp David, a duré environ 45 minutes.

En conférence de presse, après avoir quitté l'Élysée, le premier ministre canadien s'est dit «très impressionné» par le nouveau chef de l'État français, un «homme très prudent» qui dresse une «analyse complète de la situation».

«Les Européens ont agi pour éviter une crise avec des solutions à court terme, mais on ne peut pas continuer comme ça, a dit M. Harper. Le danger continue d'augmenter, pour l'Europe et pour le monde entier. On ne peut pas rétablir la confiance sans un plan politique et structurel et je pense que le président le comprend très bien.»

«Nous partageons ce double principe : nous devons avoir plus de croissance mais pour avoir plus de croissance, il faut aussi plus de stabilité, c'est ce qui sera discuté au G20», a déclaré de son côté M. Hollande.

Le président a été le seul à s'exprimer dans la cour de l'Élysée, devant deux journalistes québécois et français. Le premier ministre l'avait laissé derrière lui pour aller donner sa conférence de presse au Centre culturel canadien, devant une demi-douzaine de drapeaux unifoliés.

Harper à pied

Peut-être pour rester dans le ton de la présidence «normale» que prône le successeur de Nicolas Sarkozy, le chef du gouvernement canadien était arrivé à pied au palais présidentiel, devant lequel sa voiture officielle l'avait déposé.

M. Harper a traversé seul la grande cour de l'Élysée, faisant craquer le gravier sous ses pas. Le président Hollande est allé à sa rencontre. Les deux hommes se sont retrouvés à mi-chemin, se sont serré la main avant de gagner ensemble le perron, où ils ont longuement posé pour les médias.

La scène était tout à fait inhabituelle. «En 30 ans d'Élysée, je ne me souviens pas avoir vu un dirigeant étranger arriver à pieds», confiait un photographe, vieil habité des lieux. En 20 ans, on ne se rappelle pas non plus avoir vu un premier ministre canadien faire son entrée de cette manière.

L'entretien entre MM. Hollande et Harper a «essentiellement porté sur les relations entre la France et le Canada», a confié M. Hollande. La situation en Syrie, en Iran et le prochain sommet de Rio sur le développement durable et les changements climatiques ont aussi été évoqués.