En imposant de nouvelles règles d'admissibilité au programme d'assurance-emploi, le gouvernement Harper va inévitablement condamner des travailleurs saisonniers à l'aide sociale, ce qui alourdira le fardeau financier des provinces, selon les partis de l'opposition.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Parti libéral (PLC) ont profité de la première journée de la reprise des travaux parlementaires, hier, pour dénoncer la réforme que propose le gouvernement conservateur au programme de l'assurance-emploi.

La ministre des Ressources humaines, Diane Finley, a indiqué la semaine dernière que certains chômeurs devront accepter n'importe quel emploi à moins d'une heure de route de leur domicile s'ils veulent rester admissibles aux prestations d'assurance-emploi.

Selon les nouvelles règles, le «prestataire fréquent» devra accepter «tout travail» pour lequel il est qualifié, à 70% de la rémunération précédente, après six semaines de prestations, ce qui inclut les deux semaines du délai de carence initial.

À l'unisson, les premiers ministres des provinces atlantiques ont critiqué ces nouvelles mesures, d'autant plus que le gouvernement Harper n'a pas consulté les provinces avant d'accoucher de cette réforme et qu'il n'en a pas été question durant la dernière campagne.

Aux Communes, hier, le chef du NPD, Thomas Mulcair, a accusé les conservateurs de tout mettre en oeuvre pour créer «du cheap labor pour McDonald's».

«Personne ne devrait être surpris de l'attitude des conservateurs: c'est leur premier ministre qui a dit que les gens de l'Atlantique ont une culture de perdants, qu'ils dépendent de l'assurance-emploi. Et, pour la ministre des Ressources humaines, l'assurance-emploi, c'est attrayant, c'est même lucratif. Un beau cadeau pour les paresseux qui vivent de la pêche, de l'agriculture et de la forêt», a ironisé M. Mulcair. Le chef du NPD a ajouté que des candidats conservateurs défaits aux dernières élections sont traités aux petits oignons par le gouvernement Harper en obtenant des postes au sein de l'appareil de l'État, alors que les chômeurs, eux, se font couper les vivres.

Le chef intérimaire du PLC, Bob Rae, a pour sa part affirmé que cette réforme, combinée aux changements annoncés au programme de sécurité de la vieillesse (l'âge d'admissibilité passera graduellement de 65 ans à 67 ans), entraînera d'énormes coûts pour les provinces. «Il n'y a pas que les travailleurs et les employeurs qui seront affectés par ces changements. C'est aussi une question qui troublera les provinces. Cette question va au fond de la fédération, au fond de la nature du Canada. Pourquoi augmenter les coûts des provinces sans même les consulter?», a lancé M. Rae.

Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a rejeté ces accusations. «Le but de notre politique est d'assister les personnes au chômage pour qu'elles trouvent un emploi. C'est la raison pour laquelle le projet de loi est devant la Chambre et c'est la raison pour laquelle on agit afin d'aider les gens à trouver un vrai emploi, afin qu'ils puissent soutenir leur famille», a-t-il dit.