Le ministre du Patrimoine, James Moore, se défend d'avoir cédé aux pressions de groupes religieux en dénonçant l'exposition sur le sexe qui a ouvert ses portes jeudi au Musée des sciences et de la technologie du Canada.

Certains de ces groupes ont manifesté leur mécontentement à l'égard de l'exposition Sexe: l'expo qui dit tout, avant même que le ministre Moore ne la dénonce comme étant «une insulte aux contribuables» et que certains de ses collègues conservateurs ne la comparent à de la pornographie.

Cette exposition d'éducation sexuelle créée par le Centre des sciences de Montréal et destinée aux adolescents, mais dont l'âge d'admission a été changé de 12 ans à 16 ans dans la foulée de la controverse, a continué à faire des vagues au Parlement, hier.

Lundi, Don Hutchinson, vice-président de l'Evangelical Fellowship of Canada, a écrit une lettre au ministre pour lui faire part de sa stupeur à l'égard de l'exposition. Il a placé le premier ministre Stephen Harper en copie conforme.

Cette lettre a également été publiée sur le blogue Christian Governance qui, selon un reportage de Radio-Canada, est géré par un adjoint d'un collègue conservateur de M. Moore, Maurice Vellacott.

Le même jour, James Moore s'est rendu sur place pour visiter l'exposition.

Il faut dire que des plaintes circulaient au sein de groupes religieux depuis au moins le vendredi précédent. Avant d'ouvrir ses portes, jeudi, le musée avait mené une série de visites préalables avec des groupes d'élèves et leurs accompagnateurs, afin d'obtenir leurs commentaires.

«Quelqu'un qui a participé à une de ces visites mercredi ou jeudi de la semaine dernière a envoyé un courriel à une série de gens le vendredi, et nous l'avons reçu», a expliqué Dave Quist, directeur général de l'Institut du mariage et de la famille du Canada (IMFC), groupe de défense des valeurs traditionnelles.

L'IMFC a alors demandé aux représentants du musée de pouvoir visiter l'exposition, et cette visite a eu lieu mardi dernier. Le lendemain, l'Institut a écrit une lettre au ministre et au premier ministre pour réclamer l'annulation de l'exposition. Sur son site web, l'Institut a joint au document une demande de contribution financière du public pour l'aider à «continuer cet important travail».

Les premières prises de position publiques du ministre Moore contre l'exposition sont survenues le jour même.

»Un groupe a lancé le bal»

«Tout le monde a le droit de s'exprimer dans la vie démocratique d'un pays, a réagi hier Sébastien Gariépy, attaché de presse du ministre. Si les groupes religieux veulent appeler au musée et dire que ça n'a pas d'allure, ils ont le droit de le faire. Mais le ministre Moore n'a pas cédé à ces gens-là. Il a tout simplement donné son avis.»

Le porte-parole a aussi souligné que son patron avait respecté l'indépendance du musée, malgré les dizaines de plaintes reçues à son bureau et exprimées publiquement, tous citoyens confondus.

Louise-Julie Bertrand, qui a créé l'exposition pour le Centre des sciences de Montréal et qui a travaillé à sa mise en place à Ottawa, estime néanmoins que l'Institut du mariage et de la famille a joué un rôle important dans l'affaire.

«C'est eux qui ont pris le plancher au départ, a-t-elle précisé. Et ce sont eux qui ont fait des représentations auprès du ministre.»

«Dans le fond, c'est un groupe qui a lancé le bal.»

«Est-ce que notre lettre est la raison pour laquelle le ministre a pris cette décision? s'est quant à lui interrogé le directeur général de l'IMFC. Je ne peux pas le dire, parce que je n'ai pas été en contact avec lui personnellement.»