Le président israélien, Shimon Peres, a rencontré le premier ministre Stephen Harper lundi, sur la colline parlementaire à Ottawa.

Le premier ministre a accueilli M. Peres dans la rotonde de l'édifice du Centre, où le président israélien a signé le livre des visiteurs et rencontré les présidents de la Chambre des communes et du Sénat. MM. Harper et Peres ont ensuite eu un entretien privé, pendant lequel ils devaient discuter de commerce et de sécurité.

Le gouverneur général David Johnston avait précédemment accueilli M. Peres lors d'une cérémonie officielle à sa résidence. Une garde d'honneur militaire composée de 100 soldats était sur place, en plus d'écoliers vêtus de blanc qui agitaient des drapeaux israéliens et offraient des fleurs. Un orchestre a ensuite interprété l'hymne national israélien, «Hatikvah», pendant que des tirs d'artillerie retentissaient.

M. Johnson a évoqué les liens étroits qui unissent les deux pays. Pour sa part, s'exprimant en français et en anglais, M. Peres a rappelé qu'il avait visité le Canada pour la première fois il y a 60 ans.

«J'ai l'impression que le Canada a toujours une approche positive, jamais indifférente, jamais neutre», a-t-il déclaré.

M. Peres a aussi rencontré le chef libéral intérimaire, Bob Rae, lundi-après-midi, avant d'assister en soirée à un grand banquet donné en son honneur par le gouverneur général.

«Le Parti libéral demeure engagé envers un État israélien démocratique aux frontières sûres et reconnues, aux côtés d'un État palestinien tout aussi démocratique et stable, et avec comme but ultime la paix dans la région», a indiqué M. Rae par voie de communiqué. «Nous croyons que des négociations directes représentent la seule voie possible de résoudre le conflit israélo-palestinien et d'assurer la paix dans la région.

«Le président Peres et moi nous sommes rencontrés à plusieurs reprises depuis mon premier passage en Israël en 1979, et j'ai toujours vu en lui un homme de grande expérience, avec beaucoup de sagesse et de franchise. J'espère que nous continuerons nos échanges francs et fructueux aujourd'hui comme dans l'avenir», a ajouté le chef libéral.

Le président israélien rencontrera ce mardi le leader du Nouveau Parti démocratique et chef de l'Opposition officielle, Thomas Mulcair, et il se rendra à Toronto mercredi. M. Peres conclura à Montréal sa visite d'État au Canada, en prononçant jeudi matin une allocution dans une synagogue.

Le prix Nobel de la paix est actif sur la scène politique israélienne depuis 1959, ayant servi dans 12 cabinets ministériels, dont trois fois à titre de premier ministre. Même s'il est désormais président - un poste largement symbolique -, il demeure un personnage influent et est perçu comme une voix apaisante par rapport au premier ministre Benjamin Nétanyahou, qualifié de «faucon» par certains.

La visite d'État de cinq jours du président Peres s'amorce alors que le premier ministre  Nétanyahou annonce des élections anticipées dans la foulée d'une «menace à l'existence» d'Israël, en raison du programme nucléaire iranien.

M. Peres a émis des réserves à propos d'une attaque préventive contre la république islamique, et son langage à son arrivée au Canada est celui du diplomate qui a obtenu le prix Nobel de la paix en 1995 pour ses engagements, avec Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, lors des Accords d'Oslo.

Le gouvernement conservateur de Stephen Harper s'est attiré de nombreuses critiques pour avoir abandonné la position traditionnelle du Canada, dite du «négociateur honnête», qui appuyait les ambitions palestiniennes et israéliennes au Proche-Orient.

La visite de M. Peres survient moins de deux mois après celle de Benjamin Nétanyahou, en mars, alors que le premier ministre venait s'assurer de l'appui du Canada en vue d'une attaque préventive contre l'Iran, soupçonné de mettre au point des armes nucléaires.