Un député conservateur croit savoir comment calmer les rues montréalaises secouées par les manifestations d'étudiants.

Le député albertain Blake Richards a déposé un projet de loi d'initiative parlementaire qui ajoute au Code criminel l'interdiction de se couvrir le visage pendant une manifestation illégale.

Le comité parlementaire de la justice étudie le projet de loi C-309 et entendra ses premiers témoins mardi. Le député a déjà l'appui de tous ses collègues conservateurs ainsi que du caucus libéral. Il croit que son projet pourrait être adopté avant la fin de l'année.

«Je crois vraiment que cette loi aurait d'abord et avant tout un effet dissuasif, a dit M. Richards en entrevue. Quand quelqu'un ne peut pas se déguiser, il va y penser deux fois avant de ramasser une pierre et de la lancer dans une vitrine, il va y penser deux fois avant de mettre le feu à une voiture.»

Son projet de loi prévoit des peines de prison allant jusqu'à cinq ans pour quiconque porterait un masque en participant à une manifestation déclarée illégale.

Les policiers peuvent déjà arrêter toute personne participant à pareille manifestation. Mais la loi proposée par le député ajouterait aux accusations portées.

«Cela donne un autre outil à la police pour que nous puissions nous assurer de protéger la sécurité publique, de protéger la propriété. Vous savez, des commerces sont endommagés et détruits», a-t-il dit, faisant référence en particulier aux manifestations montréalaises.

M. Richards a reproché au Nouveau Parti démocratique de bouder son initiative. À la Chambre des communes, vendredi matin, il a d'ailleurs apostrophé l'opposition officielle.

«Vu les émeutes à Montréal, le NPD va-t-il revoir sa position dangereuse et aider à protéger les entreprises et les résidants de Montréal, du Québec et de l'ensemble du Canada?» a-t-il lancé lors de la période quotidienne réservée aux déclarations de députés.

Les néo-démocrates ne semblent pas avoir fermé la porte à un éventuel appui à C-309.

«On veut pouvoir analyser le projet de loi sous toutes ses coutures, y compris si c'est conforme à la Charte des droits et libertés de la personne», a expliqué Françoise Boivin, nouvellement nommée porte-parole de son parti en matière de justice.

«Est-ce que ça risque de décourager les gens à s'exprimer? On a encore beaucoup de questions à ce stade-ci. Mais c'est certain qu'on n'encourage pas les manifestations qui virent en gestes de violence et de casse», a-t-elle tenu à préciser.

Mme Boivin a également souligné le fait qu'une provision du Code criminel interdit déjà de porter un masque dans l'intention de commettre un acte illégal.

Un débat semblable a lieu en ce moment à la Ville de Montréal. La Commission de la sécurité publique de la Ville, à la demande du maire Gérald Tremblay, a étudié ses options et on s'attend à ce qu'elle recommande l'adoption d'un règlement municipal interdisant le port du masque, mais seulement dans les manifestations violentes.