Les sept candidats briguant la direction du Nouveau Parti démocratique ont lancé un ultime appel à leurs partisans, hier, avant de s'engager dans un jeu de coulisses de plusieurs heures qui pourrait déterminer l'issue du vote d'aujourd'hui.

Après une longue campagne de six mois marquée par des échanges plus acrimonieux dans la dernière ligne droite de la course, les Thomas Mulcair, Peggy Nash, Brian Topp, Nathan Cullen, Paul Dewar, Niki Ashton et Martin Singh ont eu une vingtaine de minutes chacun à leur disposition pour faire pencher la balance en leur faveur.

Leurs discours ont été précédés de vidéos relatant leurs appuis, leurs convictions et leur parcours politique. Brian Topp a mis en relief le soutien qu'il a obtenu de l'establishment et son expérience comme conseiller de premiers ministres. Thomas Mulcair s'est présenté comme le rassembleur des forces progressistes au pays capable de mener le NPD à la prochaine étape, le pouvoir. Peggy Nash s'est présentée comme la gardienne valeurs du NPD.

À quelques heures du dévoilement des résultats du premier tour de scrutin, le camp Mulcair avait bon espoir de l'emporter, mais il disait ne rien tenir pour acquis. Ses partisans estiment qu'il pourrait sceller la victoire en remportant au moins 25% des votes au premier tour.

Dans son discours, M. Mulcair a d'ailleurs fait un clin d'oeil aux partisans de Nathan Cullen, le candidat-surprise de la course, en disant vouloir réunir les forces progressistes sous la bannière du NPD. «Je vois cela comme un compliment», a dit le principal intéressé, qui a fait campagne en faveur d'une collaboration étroite entre le NPD, le Parti libéral et le Parti vert pour défaire les conservateurs en 2015.

Les partisans du député d'Outremont comptent jouer la carte de l'avenir du pays pour convaincre les militants des autres camps de se rallier à M. Mulcair au cours des tours de scrutin subséquents.

«Nous avons une décision importante à prendre en fin de semaine. Notre choix aura des conséquences sur les autres partis, mais il pourrait aussi en avoir pour l'unité du pays. C'est un message que nous rappelons aux militants et cela les fait réfléchir depuis quelques jours», a confié à La Presse un député influent qui appuie Thomas Mulcair.

Selon cette source, Thomas Mulcair est le mieux placé pour consolider les acquis du NPD au Québec, faire échec à la montée du mouvement souverainiste relevée dans les derniers sondages et mettre fin au règne des conservateurs dès les prochaines élections.

En privé, plusieurs néo-démocrates ont dit juger problématique le fait que Brian Topp n'ait pas un siège à la Chambre des communes. «Le prochain chef doit être au Parlement à la première heure lundi matin», résume-t-on.

Le candidat Martin Singh, un homme d'affaires de la Nouvelle-Écosse, a quant à lui réitéré hier son intention d'appuyer Thomas Mulcair une fois que son nom aura été retiré du bulletin de vote. Il a aussi invité ses partisans à en faire autant.

Mais les adversaires de M. Mulcair assurent qu'ils n'ont pas dit leur dernier mot, même s'ils s'attendent à ce que le député d'Outremont arrive en tête au premier tour du scrutin.

Au terme des discours, des émissaires de chaque candidat ont scruté les intentions de leurs adversaires, cherchant à nouer des alliances en vue du second tour.  Des rencontres officieuses ont été tenues jusqu'au milieu de la nuit dans les suites où logent les candidats et les militants.

Les candidats pourraient s'allier pour barrer la route à un autre qui prend les devants au terme du premier tour, surtout s'il ne parvient pas à se forger une avance qui apparaît insurmontable à ce stade de la course.

«Je pense que ce sont les deuxièmes choix de Martin (Singh), Niki (Ashton) et Nathan (Cullen), peut-être, qui vont être déterminants, estime le député Alexandre Boulerice, un partisan de Brian Topp. Je pense que Tom (Mulcair) et Brian (Topp) vont arriver forts au premier tour.»

En privé, des souverainistes confient que le meilleur scénario pour leur option est une défaite de Thomas Mulcair. «Il y en a qui brûlent des lampions au Québec», a confié une source.