«Je suis la relève de Jack»: ces quelques mots inscrits sur les chandails enfilés par les milliers de militants néodémocrates réunis à Toronto pourraient s'avérer un mantra pour garder le cap autant qu'un hommage au disparu.

Les membres du Nouveau Parti démocratique (NPD) réunis pour élire son successeur ont commémoré la mort du chef qui les a rendus orphelins, l'été dernier, au cours d'une cérémonie qui se voulait touchante, sans être larmoyante.

Jack Layton est décédé le 22 août des suites du cancer, laissant derrière lui le plus gros caucus néodémocrate aux Communes de l'histoire du pays. Pendant plus d'une heure vendredi soir, les militants se sont rappelé comment le «bon Jack» faisait de la politique, promettant de poursuivre son oeuvre et de prendre le pouvoir à Ottawa.

Entre rires et silences émus, les militants ont écouté des orateurs de tous horizons évoquer leurs souvenirs avec lui. Les anciens premiers ministres Jean Chrétien et Brian Mulroney ont salué l'homme, son courage, son optimisme et son dévouement.

Les enfants de M. Layton, Mike et Sarah, applaudis chaudement, ont remercié les militants de poursuivre l'oeuvre de leur père.

Alors que les témoignages se succédaient, parfois sur scène, parfois par vidéo, des messages d'adieu multicolores écrits par de simples citoyens défilaient sur les écrans géants de la salle bien remplie.

Dans les moments les plus légers de la soirée, il faut souligner l'engagement de Jean-René Dufort à montrer au successeur de Jack Layton comment «flipper des burgers» comme l'ancien chef le faisait avec brio.

Des annonces ont été faites. L'édifice abritant les bureaux du NPD sur la rue Laurier à Ottawa portera le nom de Jack Layton, de même qu'un parc dans la ville natale du défunt, Hudson, au Québec.

Des conseils ont également été prodigués. Bill Blakie, le candidat défait à la course au leadership gagnée par M. Layton en 2003, a prié les sept candidats à la chefferie de suivre leur exemple en travaillant ensemble à l'issue de la course et en se soutenant les uns les autres.

«Jack était très bon pour travailler en équipe», a-t-il rappelé.

Tous les aspirants-chefs se réclament de l'ancien député de Toronto-Danforth, assurant qu'ils allaient prendre le flambeau là où il l'a laissé à la fin de l'été dernier. Jack Layton est largement reconnu pour être l'origine de la fameuse vague orange qui a déferlé sur le Québec le 2 mai dernier, décimant pratiquement le Bloc québécois.

L'hommage a culminé avec le discours de la veuve de M. Layton, Olivia Chow, qui a noté que le printemps, qui s'installe au pays, était la saison préférée de son mari.

«C'est le printemps pour les néodémocrates», a-t-elle lancé à la foule enthousiaste. Elle a voulu terminer en lançant une note d'espoir, encourageant les militants à «changer le monde», comme l'avait conjuré son époux dans sa lettre aux Canadiens, rédigée à la fin de sa vie.

«Ce soir, on est là pour parler de l'héritage de Jack Layton. Pas juste de ce qu'il a été, mais de ce qu'il sera», a signalé Mme Chow.