Assez parlé, il faut voter maintenant. Le dernier droit de la course au leadership néo-démocrate s'est conclu vendredi avec les discours des sept candidats, qui ont défilé devant les militants pour tenter de les convaincre de leur accorder leur vote.

C'est qu'il en restait encore beaucoup à séduire. En effet, environ 55 000 des 131 000 membres en règle du Nouveau Parti démocratique (NPD) avaient voté par anticipation. Les 58% des militants qui ne s'étaient pas encore prononcés pouvaient donc se laisser influencer par les derniers moments de la course.

Brandissant des enseignes orange, distribuant des macarons à l'effigie de leur candidat favori, les 4629 délégués présents au congrès à Toronto avaient plus le coeur à la fête qu'à la dispute.

Cela n'a pas empêché certains candidats d'insister sur les différences qui sont devenues de plus en plus apparentes en fin de course, particulièrement entre Thomas Mulcair et Brian Topp.

D'entrée de jeu, l'ex-président du parti, considéré par plusieurs comme le candidat de l'establishment du NPD, a insisté sur le fait que le parti devait rester fidèle à lui-même. Brian Topp, qui se fait le gardien des traditions néo-démocrates, laissait ainsi entendre que M. Mulcair pourrait dénaturer le parti en le menant trop au centre, là où les libéraux sont déjà.

«Écoutez-moi bien: je suis un fier néo-démocrate et un social-démocrate convaincu, a lancé M. Topp. Si nous nous battons en tant que sociaux-démocrates, non seulement nous allons gagner, non seulement nous allons battre Stephen Harper, mais mes amis, cela en vaudra la peine!»

Thomas Mulcair, qui ne partait pas favori en début de parcours, est apparu comme le meneur de la course au fil des dernières semaines, tant par ses activités de financement que par ses appuis flamboyants.

Devant les militants qui battaient des mains, le député d'Outremont a réitéré l'importance de s'adresser à un large bassin d'électeurs pour être en mesure de vaincre les conservateurs aux prochaines élections.

«Nous devons élargir notre base traditionnelle et rallier les progressistes de tous les partis derrière la bannière du NPD», a lancé l'ancien ministre du cabinet Charest.

Le député de la Colombie-Britannique, Nathan Cullen, a quant à lui voulu enterrer les frictions survenues entre MM. Topp et Mulcair et a appelé à l'unité.

«Certains croient qu'il y a de bons néo-démocrates et de mauvais néo-démocrates, a-t-il lancé à la foule. Je suis fondamentalement en désaccord avec eux», a-t-il tranché, ajoutant s'être porté tant à la défense de M. Mulcair que de M. Topp lorsqu'ils étaient victimes de telles accusations.

Nathan Cullen, un candidat d'abord perçu comme marginal, a su générer un intérêt croissant, notamment en proposant une forme de coopération avec les libéraux.

L'Ontarien Paul Dewar est entré sur scène sur fond de musique rap chantée par le député Charlie Angus, et a lui aussi appelé à la cohésion. «Notre travail: identifier ce qui nous unit», a-t-il signalé.

M. Dewar s'est fait critiquer pour son français boiteux, mais une de ses partisanes, la députée Hélène Laverdière, a voulu convaincre la foule que ce n'était pas ses aptitudes dans la langue de Molière qui comptaient.

«Paul fait encore des fautes en français, mais il en fait de moins en moins. De toute façon, le français, ça se perfectionne. Mais les qualités qu'il a sont irremplaçables», a-t-elle soutenu.

Dans son discours, la députée ontarienne Peggy Nash a insisté sur ses talents de négociatrices et sur sa personnalité. «Ne sous-estimez jamais la ténacité et la détermination d'une femme leader», a-t-elle lancé aux nombreux partisans brandissant des pancartes orange et mauves.

L'autre candidate de sexe féminin, la jeune Manitobaine Niki Ashton, s'est présentée pour sa part comme étant la clé d'une percée dans l'ouest du pays.

L'homme d'affaires de la Nouvelle-Écosse, Martin Singh, a fait rouler une vidéo rigolote et dynamique expliquant sa conversion à la religion sikhe et son engagement en politique. Après une musique d'introduction interprétée au violon par l'un de ses jeunes fils, le pharmacien a insisté sur l'un de ses thèmes favoris: la santé.

Les militants votent selon la règle «un membre, un vote». Un candidat doit avoir 50% du vote populaire pour l'emporter. À chaque tour de scrutin, le candidat ayant obtenu le moins d'appuis est écarté, et ainsi de suite, jusqu'à ce que quelqu'un obtienne la majorité des voix.

Les résultats du premier tour de scrutin seront connus à 10h samedi matin, mais plusieurs observateurs s'attendent à ce qu'au moins deux tours de scrutin soient nécessaires pour que soit désigné le vainqueur.