L'ancien chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) Ed Broadbent s'en prend à celui qui émerge comme le favori dans la course à la succession de Jack Layton, Thomas Mulcair.

M. Broadbent, qui a dirigé le NPD de 1975 à 1989, soutient le candidat Brian Topp. Selon lui, le parti ferait une erreur en glissant vers le centre, comme le propose M. Mulcair. Et il remet en question la capacité du député d'Outremont d'unir les troupes au terme de la course.

«Les gens devraient regarder avec attention le fait que, des gens qui étaient là [dans le caucus de 2007 à 2011] avec Tom, 90% soutiennent d'autres candidats que Tom», a-t-il souligné en entrevue au Globe and Mail.

«Des aptitudes de leadership sont cruciales pour tenir un caucus uni et je pense que Brian a un avantage sur Tom à cet égard», a-t-il ajouté.

Dès le début de la course au leadership, plusieurs figures de proue du NPD se sont rangées derrière M. Topp. Outre celui de M. Broadbent, le stratège a recueilli le soutien de l'ancien premier ministre de la Saskatchewan Roy Romanow. Il défend des positions résolument sociales-démocrates, par exemple une hausse d'impôt pour les riches et les entreprises.

M. Mulcair propose pour sa part de «rafraîchir» le discours du NPD afin de rejoindre des électeurs hors de sa base traditionnelle. Un glissement vers le centre qui en irrite plus d'un dans l'establishment du parti. Ses adversaires ont maintes fois laissé entendre que le député d'Outremont est trop bouillant, trop individualiste, pour diriger le parti.

Le principal intéressé a toujours maintenu que ces allégations sont exagérées.

«C'est certain que, sur fond de discussion idéologique, il y en a qui garrochent plein de choses, ces temps-ci, a-t-il indiqué en entrevue plus tôt cette semaine. Je suis resté résolument positif et respectueux à l'égard de mes collègues.»

M. Mulcair a su rallier le soutien de 43 députés et de 3 anciens premiers ministres provinciaux, a souligné son directeur de campagne, Raoul Gebert, invité à commenter la sortie de M. Broadbent.

«La course touche bientôt à sa fin et nous devons demeurer positifs et unis», a-t-il indiqué dans un courriel.

Les partisans de M. Mulcair se sont eux aussi portés à sa défense. Robert Aubin, député de Trois-Rivières, dit douter que la sortie de M. Broadbent influence l'issue du scrutin.

«Ça démontre une fois de plus que M. Mulcair est le leader dans cette course, a dit M. Aubin. Et je pense que dans les derniers milles, on va mettre toute la gomme pour freiner son avance.»

M. Mulcair est devenu le deuxième néo-démocrate à gagner un siège, en 2007, lorsqu'il s'est emparé du château fort libéral d'Outremont. Cette percée s'est transformée en vague orange aux élections de 2011, lorsque le parti a fait élire une soixantaine de députés dans la province, ce qui lui a permis de devenir l'opposition officielle à la Chambre des communes.

Les militants du NPD se rassembleront à Toronto, le 24 mars, pour élire un successeur à Jack Layton, qui a succombé à un cancer l'été dernier. Outre MM. Mulcair et Topp, la course met aux prises les députés Peggy Nash, Paul Dewar, Nathan Cullen et Niki Ashton, ainsi que l'homme d'affaires Martin Singh.