Les partis de l'opposition ont exprimé leur «dégoût», hier, face aux méthodes musclées d'un ex-collecteur de fonds de la firme Responsive Marketing Group (RMG) pour financer la caisse du Parti conservateur du Canada (PCC). Mais tout indique que la pratique est légale, selon Jean-Pierre Kingsley, ancien directeur d'Élections Canada.

Au cours d'un entretien, M. Kingsley a soumis que les méthodes du téléphoniste sont discutables, voire «inadmissibles», mais elles ne semblent pas, à son avis, enfreindre la loi qui régit le financement des partis politiques.

«Je ne crois pas qu'on puisse parler de fausse représentation, je ne crois pas qu'on puisse parler de menace. Alors je ne crois pas qu'il y ait eu d'acte criminel comme tel.»

Le premier ministre Stephen Harper a été forcé de défendre les méthodes de financement de son parti à la Chambre des communes, hier, après que La Presse eut publié des enregistrements qui dévoilent l'approche pugnace, voire carrément intimidante, d'un téléphoniste de la société RMG.

«Cet employé a été congédié avant l'élection et nous maintenons nos standards en tout temps», a déclaré M. Harper.

L'employé en question, Don Duke, travaillait pour RMG, une firme embauchée par le Parti conservateur pour collecter des fonds.

Dans certaines conversations, il laisse entendre que son interlocuteur est un «socialiste» et un «séparatiste» parce qu'il n'appuie plus le parti. Il accuse un autre membre de lui faire «perdre son temps» parce qu'il le questionne pour vérifier s'il appelle bel et bien au nom du Parti conservateur.

Plusieurs citoyens avec lesquels le collecteur de fonds a pris contact sont des personnes âgées, a souligné la chef du Nouveau Parti démocratique, Nycole Turmel. Elle a dénoncé ces «enregistrements choquants», «tout ça pour soutirer de l'argent au bénéfice du Parti conservateur».

Son collègue Alexandre Boulerice a lui aussi exprimé son «dégoût» concernant les enregistrements. Il trace un parallèle entre les méthodes de financement des conservateurs et l'affaire des appels frauduleux qui plonge le gouvernement Harper dans l'embarras depuis deux semaines.

«Ça ressemble beaucoup aux appels irritants qui ont été faits dans plusieurs circonscriptions libérales, néo-démocrates, au milieu de la nuit pour décourager les gens d'aller voter», a-t-il affirmé.

«C'est complètement inacceptable, a affirmé le chef libéral, Bob Rae. Des appels harcelants, personne ne pourrait accepter ou appuyer cela.»

RMG a présenté des excuses «sans réserve» aux membres du Parti conservateur qui ont reçu les appels de M. Duke. L'entreprise assure qu'elle souscrit aux normes les plus strictes en matière de sollicitation téléphonique.

Mais l'opposition s'intéresse de plus en plus aux activités de la société depuis quelques jours, en raison de ses liens étroits avec le Parti conservateur. Des téléphonistes de l'entreprise ont affirmé au Toronto Star qu'elles avaient dirigé des électeurs vers de faux bureaux de vote aux dernières élections. RMG a été embauchée par une centaine de candidats conservateurs aux dernières élections, empochant 1,4 million, selon des documents produits à Élections Canada.