Les conservateurs ont de nouveau rejeté le blâme sur leurs adversaires politiques dans l'affaire des appels frauduleux, lundi, tout en refusant de rendre publics les relevés de leurs propres appels téléphoniques lors de la dernière campagne électorale.

Les échanges au parlement ont repris là où ils avaient cessé, la semaine dernière. Les partis de l'opposition ont de nouveau demandé au gouvernement Harper des explications sur les appels trompeurs qui ont dirigé des électeurs vers de faux bureaux de vote lors du dernier scrutin.

Mais les deux porte-parole du gouvernement dans ce dossier, les députés Pierre Poilievre et Dean Del Mastro, ont esquivé leurs questions. Ils ont plutôt accusé le Parti libéral d'être à l'origine des appels trompeurs. Ils le mettent au défi de rendre publics les relevés de ses appels lors de la dernière campagne.

«Quand va-t-il rendre ces relevés téléphoniques publics? a demandé M. Del Mastro en réponse au chef libéral Bob Rae. Parce que lorsque ces dossiers seront rendus publics, le Parti libéral se sera lui-même épinglé pour chacun des appels qu'il allègue s'être produit.»

Les conservateurs sont-ils prêts à rendre publics leurs propres relevés téléphoniques? Pas question, a affirmé M. Del Mastro à sa sortie des Communes.

«Non, parce que notre parti n'est pas derrière ces appels, a déclaré le député de Peterborough. Nous savons cela.»

«Perdu leur boussole»

Le chef libéral, Bob Rae, se dit prêt à rendre publics les registres des appels de son parti aux dernières élections.

«De suggérer qu'ils n'ont pas à répondre parce qu'ils ne sont pas concernés par ce problème est simplement... Cela montre qu'ils ont complètement perdu leur boussole morale», a dénoncé le chef libéral Bob Rae.

«C'est un argument ridicule, fallacieux, a renchéri le député néo-démocrate Pat Martin. S'ils n'ont rien à cacher, comme ils le répètent, pourquoi font-ils obstruction à une enquête publique? S'ils n'ont rien à cacher, ils ne se comportent pas comme tel.»

Les partis de l'opposition accusent les conservateurs d'être à l'origine de la campagne téléphonique qui a touché des dizaines de circonscriptions, et au cours de laquelle des électeurs ont été dirigés vers de faux bureaux de scrutin. D'autres citoyens ont été joints à des heures anormales par de faux bénévoles qui se faisaient passer pour des militants libéraux.

Plus de 31 000 personnes ont porté plainte à Élections Canada en lien avec ces appels.

L'affaire a par ailleurs attiré quelques dizaines de manifestants devant la colline parlementaire, lundi midi.

Un député accuse Élections Canada

Un député conservateur d'arrière-ban a par ailleurs publié un communiqué, lundi, pour accuser Élections Canada d'être à l'origine de l'affaire. Maurice Vellacott, député de Saskatoon-Wanuskewin, dit avoir lui aussi été joint par des électeurs qui se plaignaient d'avoir reçu des cartes d'électeur qui les dirigeaient vers des bureaux de vote lointains.

Selon lui, les listes d'électeurs d'Élections Canada sont fréquemment erronées, ce qui fait en sorte que l'organisme donne de mauvaises informations aux citoyens.

«Je soupçonne qu'en fin de compte, si Élections Canada a les ressources pour mener une enquête en bonne et due forme, ils trouveront qu'ils sont eux-mêmes responsables considérablement», affirme le député.