Évoquant le scandale Bre-X, la sénatrice libérale Céline Hervieux-Payette demande que la GRC mène l'enquête sur l'affaire UraMin, qui a fait perdre 2 milliards de dollars à une société d'État française.

UraMin, petite société minière canadienne inscrite à la Bourse de Toronto, est au coeur d'un scandale en France. En décembre, la société d'État française AREVA a radié 80% de son investissement dans UraMin, acquise en 2007.

AREVA a constaté que les réserves d'uranium d'UraMin, notamment en Afrique, étaient beaucoup plus faibles que promises ou inexploitables.

À la mi-février, Mme Hervieux-Payette a fait une intervention au Sénat dans la foulée de la publication d'une enquête de La Presse. Mme Payette a dit s'inquiéter de l'impact de cette affaire sur la réputation du Canada, d'autant plus que des médias français ont dénoncé le laxisme des autorités canadiennes.

«Les sénateurs se rappellent probablement le scandale de Bre-X dans les années 90. Cette histoire a démontré que le secteur minier était très vulnérable à la spéculation et à la fraude. En 2012, le cas d'UraMin donne l'impression de déjà-vu.

«Compte tenu qu'il y a lieu de croire qu'UraMin se serait peut-être livrée à des délits d'initié et à d'autres activités frauduleuses, [...] madame le leader recommanderait-elle au gouvernement de demander à la GRC d'entamer immédiatement une enquête sur UraMin [...] afin de blanchir la réputation du Canada?»

La sénatrice a également demandé que le Bureau du surintendant des institutions financières enquête sur les agissements de la Banque de Montréal, qui a agi à titre de conseiller d'UraMin.

À ces questions, la leader du gouvernement, Marjory LeBreton, n'a pas voulu se prononcer, se contentant de dire qu'elle en ferait part à ses collègues.

Une histoire passée sous silence

Au Canada, seule La Presse a fait écho à ce scandale, qui a aussi des ramifications à Londres et dans des paradis fiscaux. Aucun média torontois ne s'est penché sur cette affaire, qui implique pourtant plusieurs acteurs de la Ville reine. La direction de la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario, qui a le pouvoir d'enquêter, n'a pas voulu indiquer à La Presse si elle s'était déjà penchée sur ce dossier ou si elle avait l'intention de le faire.

L'affaire pourrait connaître des rebondissements avec la publication en France d'un rapport parlementaire attendu.

Plusieurs personnes connues de Montréal ont gravité autour de la transaction. Le fondateur et principal actionnaire d'UraMin était Stephen Dattels, bachelier de l'Université McGill. Le fondé de pouvoir était un avocat du bureau montréalais d'Heenan Blaikie. Et l'un des administrateurs d'AREVA est la Québécoise Guylaine Saucier, qui siège aussi au conseil de la Banque de Montréal. Le bureau montréalais de Rothschild, gestionnaire de portefeuille, a agi à titre de conseiller d'AREVA lors de la transaction.