Le gouvernement fédéral devra augmenter les impôts ou tomber dans l'ornière des déficits permanents s'il n'apporte pas les changements qui s'imposent au programme de Sécurité de la vieillesse, affirme la ministre des Ressources humaines, Diane Finley.

Dans un discours hier à Toronto visant à expliquer plus en détail les impératifs financiers qui poussent le gouvernement Harper à envisager une réforme, la ministre Finley a soutenu que ce programme n'est pas viable à long terme en raison du vieillissement de la population canadienne.

À l'heure actuelle, le Canada compte l'équivalent de quatre travailleurs pour un retraité. D'ici à 2030, il restera deux travailleurs pour un retraité. En fait, le nombre de personnes âgées doublera au pays au cours des deux prochaines décennies, a lancé la ministre en énumérant une litanie de statistiques.

«Aujourd'hui, le Canada arrive au 27e rang lorsqu'on évalue la moyenne d'âge de la population. D'ici à 2030, on s'attend à ce que le Canada grimpe au huitième rang. C'est un changement important en peu de temps. Si nous voulons réussir, nous devons nous adapter au vieillissement de la population. Et il faut commencer maintenant», a affirmé la ministre.

«Il ne fait aucun doute que le vieillissement de la population nous force à réévaluer nos mesures et nos programmes. Nous devons examiner nos programmes existants maintenant afin de déterminer comment ils peuvent mieux contribuer à la création d'emplois pour les Canadiens de tous les âges et à notre croissance économique», a ajouté Mme Finley.

Choix simples

Les choix qui s'offrent aux Canadiens sont donc simples, selon la ministre: augmenter le fardeau fiscal des travailleurs, financer le programme de Sécurité de la vieillesse en accumulant les déficits ou adopter une réforme pour limiter la hausse des coûts du programme. Selon la ministre, il est de loin préférable de choisir la troisième option.

Le gouvernement fédéral a versé 36 milliards en prestations de la Sécurité de la vieillesse en 2010. On s'attend à ce que la facture explose à 108 milliards en 2030, à mesure que la population vieillit. L'une des options envisagées, mais non confirmées par le gouvernement Harper, est de faire passer l'âge d'admissibilité à ce programme de 65 ans à 67 ans. Aucun changement n'est prévu au Régime de pensions du Canada, qui est suffisamment capitalisé.

«Les gens vivent plus longtemps et retirent des prestations de la Sécurité de la vieillesse sur une plus longue période. Une personne qui atteint l'âge de 65 ans aujourd'hui peut s'attendre à recevoir des prestations de la Sécurité de la vieillesse pendant 20 ans, soit 4 ans de plus qu'en 1970. Ajoutons à cela que les baby-boomers sont plus nombreux à prendre leur retraite. Nous aurons donc plus de gens qui retireront des prestations plus longtemps. En conséquence, le coût total des prestations sera de plus en plus inabordable pour les travailleurs de demain et les contribuables», a dit la ministre.

D'autres pays ont adopté des réformes pour assurer la viabilité de leur régime de retraite. Le gouvernement Harper le fera aussi, a assuré Mme Finley.

Mais la ministre n'a pas donné de détails sur la réforme que contemple le gouvernement Harper, se bornant à dire que son collègue des Finances, Jim Flaherty, proposera un plan de réforme dans le budget qu'il déposera d'ici à la fin du mois de mars.

Le discours de Mme Finley visait à calmer la tempête politique provoquée par le discours du premier ministre Stephen Harper à Davos, en Suisse, le mois dernier. C'est durant ce discours que M. Harper a évoqué, sans offrir de détails, la possibilité d'une réforme du programme de Sécurité de la vieillesse.

Vives réactions

Les partis de l'opposition, de même que les groupes de défense des intérêts des personnes âgées, ont dénoncé tout projet de réforme, même embryonnaire, du gouvernement Harper.

Le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, a aussi mis son grain de sel en affirmant dans un récent rapport que le programme de Sécurité de la vieillesse est tout à fait viable et que le gouvernement fédéral aura la marge de manoeuvre financière suffisante malgré l'arrivée massive des baby-boomers à la retraite.