Des syndicats et des groupes d'aînés ont occupé les bureaux d'une vingtaine de députés conservateurs, jeudi, pour contester la réforme des pensions envisagée par le gouvernement Harper.

Les bureaux de 21 députés ont été pris d'assaut par des manifestants en Ontario à l'initiative d'un syndicat et de deux groupes d'aînés.

Joint dans une manifestation au bureau du ministre des Finances, Jim Flaherty, le président de la Fédération du travail de l'Ontario, Patrick Ryan, a dit que cette coalition « bleue-grise » vise à envoyer un message aux députés conservateurs.

« On veut faire savoir à ces députés que, dans leur propre cour, il y a des électeurs qui ne sont pas du tout contents de ce qu'ils s'apprêtent à faire, a-t-il expliqué. Nous allons nous mobiliser dans nos communautés, organiser des rencontres, inciter les gens à dire tout haut ce qu'ils pensent. »

À la Chambre des Communes, où le gouvernement Harper a de nouveau été pressé de questions par l'opposition, certains députés conservateurs visés par le mouvement d'occupation se sont montrés ouverts à entendre les manifestants. D'autres ont minimisé l'importance de la manifestation.

« Je n'en fais pas grand cas, a déclaré Dean Del Mastro, de la circonscription de Peterborough. Ça n'affectera pas les aînés. Nous n'allons pas réduire les prestations aux aînés. En fait, nous avons dit clairement que même les gens qui approchent la retraite ne subiront pas d'impact d'une éventuelle décision du gouvernement. »

« Que je sois d'accord avec mes concitoyens ou pas, je suis leur voix à Ottawa et je vais toujours 'assurer que leur point de vue soit relayé aux décideurs appropriés, même si je ne suis pas en accord avec eux », a pour sa part indiqué le député Stephen Woodworth, qui représente Kitchener-Centre.

Le Nouveau Parti démocratique a appuyé sans réserve les manifestants.

« Si on continue à mettre de la pression au gouvernement, si on continue à mettre de la pression partout au pays, avec les membres d'opposition mais aussi avec les gens sur le terrain, on peut faire entendre notre message, a dit la députée Lysane Blanchette-Lamothe, qui partira elle-même en tournée pour dénoncer la réforme des pensions. Puis vous allez voir qu'on est capables d'influencer des décisions du gouvernement. »

Le chef libéral, Bob Rae, souligne que Stephen Harper a maintes fois promis de ne pas toucher aux pensions pour aînés dans les dernières années. Il n'est donc pas étonné qu'une éventuelle réforme du régime fédéral suscite du mécontentement.

« Ce n'est pas surprenant que les gens soient fâchés, que les gens voient un gouvernement, franchement, complètement malhonnête à cet égard et les Conservateurs ont un problème énorme de crédibilité », a-t-il dit.

Le gouvernement Harper refuse toujours de préciser quelles réformes il compte adopter au régime fédéral des pensions. Il n'a pas nié des reportages selon lesquels il s'apprête à hausser de 65 à 67 ans l'âge d'admissibilité aux pensions de Sécurité de la vieillesse.

Il a maintes fois martelé que les coûts de ce programme sont appelés à exploser d'ici 2030, à mesure que la population vieillit.

« Si nous laissons les pensions de Sécurité de la vieillesse à elles-mêmes, il n'y aura peut-être pas de pensions de la Sécurité de la vieillesse pour les générations futures », a affirmé aux Communes la ministre des Ressources humaines, Diane Finley.