Les coupes au Bureau du vérificateur général risquent d'ouvrir la porte à la corruption et à la fraude dans l'appareil gouvernemental, dénonce le Nouveau Parti démocratique.

La Presse révélait mercredi que Parcs Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments et 16 autres agences fédérales pourraient bientôt cesser de voir leurs états financiers contre-vérifiés par le vérificateur général. Celui-ci souhaite en effet réduire ses tâches dans le cadre d'un plan de compressions par lequel il réduira ses dépenses de 8%.

Le vérificateur souligne que la vingtaine d'agences dont il cessera de scruter les livres seront toujours contre-vérifiées lors de l'audit annuel des comptes publics. Mais cet examen sera beaucoup moins détaillé.

Le plan de compressions inquiète le NPD. Le député Alexandre Boulerice, critique en matière de Conseil du trésor, affirme que le chien de garde des bonnes pratiques gouvernementales devrait mener plus de vérifications dans les agences fédérales, pas moins.

«On ne va jamais vérifier si les deniers publics ont été bien dépensés, a-t-il dénoncé. Alors c'est quasiment une invitation à dire bien, vous êtes libres, le chien de garde il va rester dans sa niche, il va pas vous déranger.»

Si le vérificateur général cesse de scruter les livres des agences, celles-ci pourraient devoir se tourner vers des firmes privées pour exécuter cette tâche comptable. Une situation que le député Boulerice qualifie d'«absurde», puisqu'elles devront dépenser davantage.

«Pourquoi ne pas juste garder le budget du vérificateur général pour qu'il continue à faire son travail? demande-t-il. Vous savez, sans le vérificateur général, on n'aurait jamais entendu parler du scandale des commandites.»

Le plan de compression a été soumis au gouvernement l'automne dernier. Le Bureau du vérificateur général l'a élaboré de sa propre initiative.

Si le projet va de l'avant, le budget annuel du vérificateur, qui était de 88 millions, sera sabré de 6,5 millions. Une soixantaine de postes seront abolis, soit le dixième de ses employés.

Le gouvernement Harper devra toutefois adopter des changements législatifs afin de dispenser le vérificateur général de mener des audits d'états financiers dans les 18 agences qu'il a identifiées comme étant moins risquées.

Déjà des mesures de contrôle, souligne Clement

Le ministre responsable du dossier, le président du Conseil du trésor Tony Clement, se montre favorable plan du vérificateur général. Il souligne que la loi fédérale sur la responsabilité, adoptée en 2006, a déjà resserré les mesures de surveillance et de reddition de comptes dans les institutions fédérales.

«Nous sommes heureux de voir que le vérificateur général a volontairement pris l'initiative de trouver des économies et d'améliorer l'efficacité dans son propre bureau, a indiqué le porte-parole du ministre, Sean Osmar. Nous continuons d'encourager les autres officiers et agents du Parlement de lui emboîter le pas.»