L'un des chefs de l'opposition russe Boris Nemtsov a apporté son soutien, mercredi à Ottawa, au projet d'un député canadien de refuser les visas d'entrée à 60 responsables russes impliqués dans la mort du juriste Sergueï Magnitski, décédé en prison en 2009.

«Ce ne sera pas une action contre la Russie, mais contre son système corrompu», a déclaré M. Nemtsov lors d'une conférence de presse au parlement fédéral canadien. «Je crois que le Canada est ami de la Russie en tant que pays», a-t-il souligné.

Travaillant pour un cabinet américain à Moscou, Sergueï Magnitski avait été arrêté en 2008 sous l'accusation de fraude fiscale après avoir dénoncé une machination financière ourdie, selon lui, par des responsables de la police et du fisc, ayant détourné quelque 130 millions d'euros. Malade et privé de soins, il a été violemment battu par des gardiens le jour de sa mort, à 37 ans, selon un rapport du Conseil des droits de l'homme auprès du Kremlin.

Une proposition de loi prévoyant des sanctions contre les personnes impliquées - déjà visées par une mesure similaire aux États-Unis - a été déposée fin octobre par un député d'opposition canadien, Irwin Cotler, ancien ministre libéral de la Justice.

Présent lors de la conférence de presse, M. Cotler a expliqué qu'une telle proposition d'initiative personnelle pouvait attendre longtemps son tour, la date de son examen dépendant d'un tirage au sort.

Pour accélérer son adoption, qu'il juge probable, il a demandé récemment au ministre conservateur des Affaires étrangères John Baird d'en faire un projet de loi gouvernemental. M. Baird lui a promis d'étudier la question, a-t-il précisé.

En dénonçant le comportement des autorités russes dans cette affaire, M. Cotler a souligné que «pour la première fois dans l'histoire russe, Magnitski doit être jugé à titre posthume», comme l'a annoncé mardi le ministère russe de l'Intérieur. «Cela n'était jamais arrivé même en URSS», a-t-il dit.

De son côté, M. Nemtsov a souhaité que l'attitude du Canada incite les pays européens à prendre des mesures similaires. «L'Europe est plus prudente avec (Vladimir) Poutine à cause du gaz» russe, a-t-il estimé. Mais c'est «l'interdiction des visas de Schengen qui serait la plus douloureuse» pour les sanctionnés.