Un député conservateur de l'Ontario a provoqué un tollé à la Chambre des communes, mardi, en faisant un lien entre l'existence du registre des armes d'épaule et le régime nazi d'Adolf Hitler.

Le député Larry Miller a été contraint de s'excuser d'avoir fait une telle comparaison quelques heures plus tard, au moment où le gouvernement Harper annonçait qu'il imposait de nouveau la clôture des débats afin d'accélérer l'adoption du projet de loi visant à abolir le registre des armes d'épaule.

Le projet de loi controversé devrait donc franchir l'étape de la troisième lecture aux Communes d'ici quelques jours avant d'être expédié au Sénat, où les conservateurs détiennent également la majorité.

M. Miller a fait cette sortie durant le débat sur le projet de loi C-19 après avoir rappelé certaines déclarations de l'ancien ministre de la Justice Allan Rock, qui a piloté la création du registre des armes à feu dans les années 90.

Selon M. Miller, Allan Rock aurait déclaré à l'époque qu'il «était arrivé à Ottawa avec la conviction que les seules personnes au Canada qui ont le droit d'avoir des armes à feu sont les policiers et les militaires».

«Cela vous rappelle quelque chose?», a alors demandé M. Miller au sujet des propos de l'ancien ministre libéral. «Adolf Hitler, 1939», a-t-il soutenu du même souffle.

M. Miller a ensuite poursuivi dans la même veine en citant l'ex-sénatrice libérale Sharon Carstairs, qui aurait affirmé que la création du registre constituait «le premier pas vers la "réingénierie sociale" des Canadiens».

«Pouvez-vous croire cette affirmation? La réingénierie sociale des Canadiens! C'est ce qu'Adolf Hitler a essayé de faire dans les années 30», a-t-il déclaré, s'attirant du coup les foudres de députés présents aux Communes.

M. Miller, dont les propos se sont rapidement retrouvés sur le site YouTube, a présenté ses excuses après la période des questions.

«Plus tôt aujourd'hui, j'ai utilisé le nom d'Adolf Hitler. Même si les allusions au registre des armes à feu et ce qu'a fait cet être diabolique pour perpétrer ses crimes sont très claires, il était déplacé d'utiliser son nom à la Chambre et je m'excuse auprès de quiconque a été offusqué», a dit M. Miller.

Mais les libéraux ont jugé ces excuses insuffisantes. «Le député a dit qu'il regrettait d'avoir utilisé le nom d'Hitler, mais il a comparé nos anciens collègues à Adolf Hitler. Je demande qu'il s'excuse non pas d'avoir utilisé ce nom, mais d'avoir comparé mes collègues à Hitler. Il est inacceptable d'utiliser cela dans notre démocratie», a tonné le député libéral Denis Coderre.

Le chef intérimaire du Parti libéral, Bob Rae, cachait mal sa colère après la période de questions. «C'est abominable. Qu'est-ce qui arrive au débat canadien quand un député comme M. Miller dit une telle chose? Qu'est-ce que ça veut dire? Pourquoi est-ce qu'on pense que là, c'est acceptable ou c'est normal de dire que Mme Carstairs ou que M. Rock est comparable à Adolf Hitler? C'est inacceptable», a dit M. Rae.