Le Canada et la Chine ont tout intérêt à bâtir de solides relations commerciales même s'il persiste entre les deux pays un profond désaccord sur la question des droits de la personne, estime le premier ministre Stephen Harper.

À la veille de son départ pour sa deuxième visite officielle en sol chinois depuis 2006, M. Harper soutient que le Canada dispose d'importantes ressources énergétiques à vendre, en particulier du pétrole. La Chine, de son côté, a une soif quasi insatiable d'énergie pour soutenir sa croissance économique phénoménale.

M. Harper part lundi pour un séjour d'une semaine en Chine avec comme principal objectif de dénicher de nouveaux marchés pour l'industrie des sables bitumineux. Cette visite survient quelques semaines après la décision de l'administration du président Barack Obama de rejeter le projet de construction de l'oléoduc géant controversé Keystone XL entre le Canada et les États-Unis.

Pas de virage majeur

Dans une entrevue accordée à La Presse vendredi, Stephen Harper s'est défendu d'effectuer un virage majeur dans sa politique vis-à-vis de la Chine.

«Il n'y a pas de changement de ma part», a soutenu Stephen Harper.

«Mon gouvernement est clair: lorsque nous faisons du commerce avec la Chine ou d'autres pays, nous n'hésitons pas à soulever d'autres questions comme les questions de paix et de sécurité, les questions de la démocratie et des droits de la personne», a-t-il affirmé.

«Nous rejetons l'approche du gouvernement précédent, qui a dit que c'est impossible d'avoir des relations commerciales avec la Chine et en même temps soulever des questions difficiles touchant la démocratie et les droits de la personne. Nous faisons les deux», a-t-il ajouté.

M. Harper a indiqué que les échanges commerciaux entre le Canada et la Chine ont augmenté depuis l'arrivée de son gouvernement au pouvoir, malgré des relations tumultueuses au début de son règne.

«Depuis notre arrivée au pouvoir, nous avons continué à soulever ces questions. En même temps, nous avons augmenté notre commerce avec la Chine. La raison? C'est que notre commerce avec la Chine est important non seulement pour nous, mais aussi pour les Chinois. C'est une relation bilatérale qui est très bénéfique pour les Chinois, pas seulement pour nous», a-t-il dit.

Compte-t-il soulever la question des droits de la personne durant sa prochaine visite? «Oui, absolument. Quand je suis en Chine, je suis un invité. Je vais me comporter de façon respectueuse. Dans plusieurs dossiers, on soulève ces questions avec nos hôtes en privé. Pour le développement de la Chine et pour assurer la stabilité économique à long terme, on doit avoir du progrès sur la gouvernance. Nous sommes clairs sur cette question depuis le début. Évidemment, les Chinois ont une autre perspective et ils ont aussi un pays très différent du nôtre. Mais on ne peut pas cacher nos valeurs.»

Il n'en demeure pas moins que le gouvernement Harper ne tient plus le discours incisif à l'endroit de la Chine qu'il énonçait à son arrivée au pouvoir en 2006. En 2007, M. Harper avait affirmé, la veille d'un sommet de l'APEC auquel participe la Chine, qu'il n'avait pas l'intention de «brader» les droits de l'homme simplement pour avoir de meilleures relations commerciales avec la Chine et empocher «les puissants dollars» de ce pays.

Les relations entre les deux pays s'étaient par la suite nettement refroidies, alors que les libéraux de Jean Chrétien avaient multiplié les gestes de séduction envers les autorités chinoises.

Première visite en 2009

Mais Stephen Harper a entrepris de rétablir le courant entre les deux pays en effectuant une première visite officielle en novembre 2009. Durant cette visite, il avait été rabroué publiquement par son hôte, le premier ministre Wen Jiabao, pour avoir tardé à se rendre en sol chinois.

La Chine est le deuxième partenaire commercial du Canada. En 2010, le commerce bilatéral de marchandises a atteint 57,7 milliards de dollars alors que les échanges commerciaux entre les deux pays ont plus que triplé entre 2001 et 2010. Les deux pays négocient actuellement un accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers.