Il s'agissait de l'entente de compensations financières la plus importante de toute l'histoire du Canada, mais des groupes représentant des milliers d'autochtones jugent l'accord imparfait.

Le National Residential School Survivors Society (NRSSS) a demandé une révision judiciaire de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, un accord d'une valeur de 5 milliards de dollars. Une telle contestation signifie que les demandeurs pourraient avoir à se présenter à nouveau en cour pour rouvrir l'entente.

L'un des principaux porte-paroles de la NRSSS, Ted Quewezance, a expliqué au Winnipeg Free Press que certains survivants voulaient emprunter la voie rapide parce que si la plupart d'entre eux avaient accepté de signer l'accord, ils n'avaient pas pour autant réglé tous les problèmes existants.

La NRSSS représente environ 32 000 anciens élèves de pensionnats fédéraux de Colombie-Britannique jusqu'en Ontario.

L'organisme affirme avoir reçu, au cours des cinq dernières années, 460 plaintes de demandeurs sur la façon dont l'argent de l'entente est distribué les demandeurs sont traités, et comment les mécanismes devant gérer le rôle des survivants échouent.

Le président national de la NRSSS, Ray Mason, a souligné que même s'il s'agit d'un règlement à l'amiable, son application doit quand même être surveillée par le tribunal.

«Mais à chaque jour, nous recevons les plaintes de survivants à propos du traitement que leur réserve un consortium d'avocats, le rôle du Canada, la perte de dossiers, des informations qui ne sont pas transmises, des arbitres qui ne respectent pas notre culture ou notre langue. Pourquoi le tribunal ne prend-il pas ses responsabilités», a lancé M. Mason.

L'accord devait indemniser quelque 80 000 autochtones et inuits qui avaient, pendant plus d'un siècle, été forcés de quitter leur foyer alors qu'ils étaient enfants. Ils ont été envoyés dans des écoles dans ce qui a été associé à un plan de génocide culturel, et plusieurs d'entre eux ont été victimes d'agressions sexuelles, physiques et psychologiques.

Le premier ministre Stephen Harper s'est officiellement excusé en 2008 au nom de ces pensionnats, qui ont été administrés par l'Église et financés par les gouvernements pendant plus d'un siècle. L'accord et les excuses du premier ministre devaient amorcer une nouvelle ère de réconciliation, mais le résultat escompté n'est pas au rendez-vous.

«Du dégoût et de l'apathie, c'est ce que plusieurs d'entre eux ont ressenti. C'est un peu comme de retourner au pensionnat», a expliqué le directeur exécutif du groupe, Mike Cachagee.

À Ottawa, on s'est contenté d'indiquer que l'entente avait été scellée.

Une porte-parole du ministère des Affaires autochtones a indiqué que la convention était approuvée et sous la surveillance des tribunaux, et qu'elle ne comprend pas d'exigence de révision indépendante.