Ottawa a vu dans le violent séisme et le tsunami survenus l'an dernier au Japon une occasion d'aiguiser l'appétit des sinistrés pour la cuisine typiquement canadienne.

Le gouvernement fédéral a en effet proposé à cette occasion une activité pour faire la promotion de «la marque Canada» sur le marché japonais. Le plan visait à faire connaître des produits comme le sirop d'érable du Québec, le boeuf de l'Alberta et d'autres denrées aux personnes laissées sans abri par la catastrophe.

Selon des documents obtenus par La Presse Canadienne, le Canada devait démontrer son appui en organisant un café en plein air et en nourrissant des victimes avec des produits canadiens afin qu'ils puissent se sentir comme s'ils étaient en visite au Canada.

On souligne par ailleurs dans un document préparatoire pour l'événement que plus de 110 000 personnes vivaient dans des abris depuis le 11 mars, et que si les besoins alimentaires semblent répondre aux normes, leur «niveau de vie est bien en deçà d'une vie normale».

L'activité devait d'abord se dérouler les 28 et 29 juin 2011, mais elle a été reportée au 10 décembre, pour coïncider avec un festival du saumon dans la ville d'Otsuchi, durement touchée par les catastrophes naturelles.

Un porte-parole d'Agriculture et Agroalimentaire Canada a affirmé que l'événement de décembre a permis de servir du boeuf, du porc, du sirop d'érable, des bleuets, des bouteilles d'eau et du miel à quelque 1000 personnes.

Questionné à propos du motif de tenir un tel événement sous la bannière de l'Initiative de promotion de la marque Canada (IPMC), le ministère a répondu que cela avait pour but de mieux faire connaître les produits canadiens.

Près de 20 000 personnes sont mortes ou ont été portées disparues lors du séisme - d'une magnitude de 9,0 sur l'échelle de Richter -, et du tsunami qui a suivi.

La centrale nucléaire de Fukushima Daiichi avait alors été gravement endommagée, entraînant l'évacuation des zones environnantes après que les autorités eurent relevé un taux de radiation huit fois plus élevé que la normale devant les installations.

Après le séisme, le Canada a dépêché une équipe d'experts et de l'équipement pour aider le Japon à stabiliser ses réacteurs nucléaires, en plus de couvertures thermiques pour les survivants.

Les documents montrent par ailleurs qu'entretemps, Ottawa a embauché une compagnie pour s'assurer que des produits canadiens seraient disponibles sur les tablettes des supermarchés et offerts dans les menus de restaurants à Tokyo, quelques semaines après le désastre. Les ventes attendues n'étaient pas très élevées, compte tenu de «l'effet séisme».

Les Japonais semblent toutefois avoir cédé aux spécialités canadiennes. Les poutines et le latte au sirop d'érable ont notamment connu du succès auprès des consommateurs.