Un ancien militant bloquiste affirme avoir été payé pendant près de deux ans à même le budget de fonctionnement du cabinet de Gilles Duceppe pour du travail partisan auprès des jeunes, a rapporté hier soir le réseau TVA.

Selon le réseau, Reny Gagnon a obtenu un salaire du bureau parlementaire de Gilles Duceppe alors qu'il faisait la promotion de la cause souverainiste auprès des jeunes entre 2009 et 2011.

M. Gagnon a porté les couleurs du Bloc québécois aux élections de 2008 dans la circonscription de Pierrefonds-Dollard. Il avait été embauché à titre de conseiller sur les questions touchant la jeunesse, mais il faisait aussi du travail d'organisation dans le cadre de ses fonctions ainsi que du recrutement pour le compte du Bloc. Il travaillait au siège social du parti, à Montréal, selon le journaliste Raymond Filion.

Encore une fois, le Bloc québécois a déclaré au réseau TVA que le parti n'avait rien fait d'illégal puisque les règles sur l'utilisation des fonds publics permettent une telle pratique.

Le Parti conservateur, le NPD et le Parti libéral ne voient pas les choses du même oeil et comptent soumettre cet autre cas au Bureau de régie interne, responsable d'appliquer les règles sur l'utilisation des fonds parlementaires.

Samedi dernier, La Presse a révélé que Gilles Duceppe avait payé le directeur général du Bloc québécois, Gilbert Gardner, pendant sept ans en puisant dans le budget de fonctionnement de son cabinet, accordé par la Chambre des communes. M. Duceppe a affirmé que cette pratique était conforme aux règles, ce que rejettent les experts et les membres du Bureau de régie interne. Une enquête est en cours.

Deux autres cas

Par ailleurs, La Presse a appris qu'au moins deux autres employés du cabinet parlementaire de Gilles Duceppe, payés par la Chambre des communes, avaient été affectés à des tâches relevant du parti ou de la préparation électorale.

La vice-présidente du Bloc de 2009 à 2011, Vivian Barbot, nous a confirmé qu'elle recevait l'aide d'au moins un employé du cabinet parlementaire de M. Duceppe.

«Des personnes m'ont aidée au téléphone, des trucs comme ça, a-t-elle dit. Ce n'étaient pas des adjoints qui ne faisaient que ça. C'étaient des personnes qui travaillaient aussi au Parlement.»

Mme Barbot n'a pas voulu nommer les adjoints en question. Elle s'est contentée de dire qu'au moins une de ces personnes avait été réembauchée par le parti après la défaite du 2 mai. Lorsque nous avons tenté d'en savoir davantage, elle a répondu qu'elle était «épuisée».

L'autre cas concerne Patrick Marais, proche conseiller de Gilles Duceppe de 2005 à 2011. M. Marais, qui était payé par la Chambre des communes mais qui travaillait à Montréal, était chargé d'entretenir des relations avec les différents «groupes ethnoculturels et divers intervenants socio-économiques» du Québec.

En septembre 2009, Le Devoir avait révélé que Gilles Duceppe avait donné à son conseiller le mandat de prêter main-forte à Daniel Paillé pour préparer sa course à l'investiture dans Hochelaga-Maisonneuve. Un appel de La Presse à M. Marais a permis d'apprendre que ce dernier était toujours rémunéré par le budget de la Chambre durant cette période.

Parti et Parlement

Patrick Marais a expliqué qu'il avait aidé l'actuel chef du Bloc québécois pendant un mois, à raison d'environ 30% de son temps.

Il a rappelé que la décision de son patron de favoriser Daniel Paillé comme candidat n'avait pas fait l'unanimité dans Hochelaga-Maisonneuve.

Était-ce du travail partisan? «On peut bien l'appeler comme ça, a-t-il répondu. Mais le travail partisan fait partie intégrante du travail parlementaire. Moi, je fais surtout une job de relationniste, et dans ce cas-ci précisément, si je dis: «M. Duceppe aimerait que vous rencontriez le candidat qu'il souhaite voir élu dans Hochelaga à la partielle qui s'en vient.» Est-ce que je fais une job de parti? Moi, je fais une job de relationniste. Est-ce que M. Duceppe est un chef de parti? Il en est le président et le chef de l'aile parlementaire.»