Le gouvernement Harper procédera bientôt à des «transformations majeures» pour stimuler l'économie canadienne. Et les coupes dans le prochain budget pourraient être beaucoup plus sévères que prévu à l'origine.

Tels sont les deux signaux envoyés jeudi par Stephen Harper et son président du Conseil du Trésor, Tony Clement.

Devant les décideurs rassemblés au Forum économique mondial de Davos, le premier ministre a donné une mise en garde aux pays développés. Plutôt que de tenir leur richesse pour acquise, prévient-il, ils doivent créer les conditions pour assurer leur croissance. Sans quoi, ils risquent «le déclin économique à long terme».

«Dans les prochains mois, notre gouvernement entreprendra des transformations majeures pour positionner le Canada sur la voie de la croissance pour la prochaine génération», a-t-il annoncé.

Ressources naturelles et énergétiques

Le premier ministre le répète: il mise sur l'exploitation des ressources naturelles et énergétiques pour assurer la croissance économique. Il compte donc accélérer le processus réglementaire pour faciliter la réalisation de projets majeurs comme le Northern Gateway, ce pipeline qui doit acheminer le pétrole des sables bitumineux jusqu'au Pacifique.

«Nous prendrons sous peu des mesures pour faire en sorte que les grands projets énergétiques et miniers ne soient pas inutilement retardés pour des raisons de réglementation, c'est-à-dire retardés sans aucune raison», a-t-il dit.

Le premier ministre souhaite aussi réformer le système d'immigration pour l'adapter aux besoins en main-d'oeuvre. Il cible aussi un autre poste de dépense majeur pour le gouvernement: les régimes de retraite. D'après CTV, Ottawa songe à hausser le seuil d'admissibilité au régime de Sécurité de la vieillesse de 65 à 67 ans.

«Nous avons déjà pris des mesures pour limiter la croissance de nos dépenses en soins de santé au cours de cette période, a-t-il affirmé. Nous devons faire de même pour notre régime de retraite.»

Coupes majeures

Pendant que Stephen Harper annonçait ces mesures à Davos, son président du Conseil du Trésor, Tony Clement, prenait la parole à Toronto pour confirmer ce que plusieurs craignent depuis des mois. Les coupes de 5% annoncées dans le dernier budget fédéral pourraient être jusqu'à deux fois plus importantes.

«J'ai piloté un comité pour réviser les plans des départements et des agences fédéraux pour réaliser des économies de 5% à 10% dans le budget de leurs programmes, a-t-il déclaré devant l'Empire Club. En d'autres mots, des réductions qui varieront entre 4 milliards et 8 milliards.»

L'exercice n'est pas seulement comptable, affirme M. Clement, qui souhaite «moderniser» l'État fédéral. Il souhaite que les programmes vitaux soient disponibles pour les citoyens, sans pour autant ruiner les coffres publics.

L'opposition inquiète

Les propos du premier ministre et de M. Clement inquiètent l'opposition. Le critique du Nouveau Parti démocratique en matière de finances, Peter Julian, craint que les simples citoyens, en particulier les plus démunis, sortiront perdants du double exercice de coupe budgétaire et de stimulation économique.

Il juge en outre «inacceptable» la possibilité que l'âge d'admissibilité aux prestations de retraite soit haussé.

«Ce n'est pas rassurant pour les familles canadiennes de voir un gouvernement qui enlève les services, qui enlève les protections au niveau de l'environnement, qui enlève tous les aspects et les institutions importants pour la qualité de vie des Canadiens»,

a dénoncé M. Julian.

- Avec Bloomberg et La Presse Canadienne