Le gouvernement conservateur a promis un durcissement de la politique d'expulsion dans la foulée du départ de Léon Mugesera, un Rwandais accusé en lien avec le génocide de 1994 qui demeurait au Canada depuis près de vingt ans.

L'annonce en a été faite mardi, au lendemain de l'expulsion de Léon Mugesera vers son pays natal.

L'avion qui transportait M. Mugesera a atterri près de 24 heures plus tard à Kigali, au Rwanda, le tout sous haute surveillance et attirail médiatique face à un retour très attendu dans son pays d'origine.

Le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, a déploré mardi que le processus d'expulsion ait été aussi long.

En conférence de presse à Montréal, il s'est engagé à soumettre sous peu un projet de loi pour éviter la répétition d'un scénario à la Mugesera.

Le ministre Kenney a souligné que le gouvernement conservateur présenterait, cette année, un projet de loi pour «simplifier» le processus de révocation de la citoyenneté, les expulsions rapides et le raccourcissement des processus d'appel.

«Les criminels de guerre méritent un processus en bonne et due forme, mais ils ne méritent pas d'en abuser. Tout le monde a droit à son audience devant la cour; M. Mugesera y a passé 17 ans», a affirmé M. Kenney.

Il a soutenu que le ressortissant rwandais avait abusé pendant 16 ans des outils mis à sa disposition afin qu'il puisse se défendre.

Le ministre Kenney a ajouté que toutes les vérifications avaient été faites pour s'assurer que M. Mugesera ne sera pas torturé par le régime rwandais. L'évaluation de ce risque avait retardé son expulsion.

«Notre gouvernement réitère son message ferme que le Canada n'est pas un refuge pour ceux qui essaient de s'y introduire et d'y vivre illégalement. La décision de renvoyer une personne du Canada n'est jamais prise à la légère. Dans ce cas, comme dans d'autres, toutes les procédures d'appel et de révision applicables étaient accessibles à cette personne, conformément au droit canadien,» a quant à lui affirmé le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews.

Seuls des témoins à l'aéroport de Kigali ont affirmé que M. Mugesera avait bien été confié aux autorités rwandaises par leurs homologues canadiens et ce, sous haute surveillance, avant d'être emporté dans une voiture qui attendait à proximité.

Kigali accuse l'ancien conseiller politique d'avoir commis des crimes contre l'humanité et d'avoir incité au génocide. En 1992, devant un millier de personnes, il avait prononcé un violent discours s'en prenant aux Tutsis.

Lundi, Léon Mugesera avait perdu coup sur coup deux batailles dans sa guerre judiciaire contre Ottawa.

La Cour supérieure puis la Cour fédérale lui ont toutes deux refusé un sursis. Ces défaites marquaient la fin d'une véritable saga de contestations, de demandes de révision et autres procédures, une lutte qui s'était rendue jusqu'en Cour suprême.