Le ministre conservateur Tony Clement a toujours martelé qu'il n'était pas impliqué dans l'attribution de fonds publics dans sa circonscription lorsque celle-ci a accueilli le sommet du G8 l'an dernier. Mais un échange de courriels entre hauts fonctionnaires prouve le contraire, selon le Nouveau parti démocratique.

Le feuilleton politique qui entoure les investissements fédéraux en marge du sommet du G8 à Huntsville a repris de plus belle, lundi, lorsque le NPD a rendu publique une correspondance entre hauts fonctionnaires fédéraux.

M. Clement, qui représente la circonscription de Parry Sound-Muskoka, était ministre de l'Industrie au moment du sommet. Il a toujours maintenu qu'il jouait son rôle de député en transmettant la liste de souhaits des municipalités qu'il représente au ministre responsable des infrastructures à l'époque, John Baird.

Or, le bureau de M. Clement a «recommandé à Infrastructure Canada quels projets devraient être soutenus en vertu du fonds d'infrastructure et d'héritage du G8», peut-on lire dans un courriel expédié par Tom Dodds, l'un des dirigeants de l'agence gouvernementale Fednor, responsable du développement économique dans le nord de l'Ontario.

Ce courriel démontre que le ministre Clement a «trompé» le comité parlementaire qui tentait de faire la lumière sur cette affaire en novembre dernier, dénonce le député néo-démocrate Alexandre Boulerice.

«Dans un langage parlementaire, on dit que M. Clement a trompé le comité et les parlementaires, a-t-il dit. Monsieur et madame Tout-le-Monde sur la rue diraient probablement qu'il est un menteur.»

Salissage, répond Clement

Le ministre Clement n'a pas caché qu'il avait recommandé des projets d'infrastructure au cours de son passage devant un comité parlementaire, l'automne dernier. Or, c'est précisément ce que confirme le courriel dévoilé par le député Boulerice, souligne-t-on à son bureau, où l'on accuse le NPD de mener une campagne «désespérée» pour raviver une vieille affaire.

Par l'entremise de son compte Twitter, M. Clement a d'ailleurs accusé ses adversaires de mener une campagne de salissage à son endroit.

«Comme d'habitude, le NPD confond "recommander" et "choisir"», a-t-il dénoncé.

Les partis de l'opposition accusent depuis des mois le ministre Clement d'avoir puisé 50 millions du Fonds de la sécurité frontalière pour distribuer des faveurs dans sa circonscription.

En tout, 32 projets ont été financés. Certains projets, comme des abris de pique-nique (125 000$), des jardinières en ciment (65 000$) et une fontaine (178 000$), provenaient de municipalités situées à plus de 60 km du lieu du sommet.