Le nouveau directeur général du Bloc québécois, Jean-Claude Rocheleau, est rémunéré à même le budget de fonctionnement du parti souverainiste. Son salaire n'est donc aucunement payé avec les fonds publics, comme l'a été son prédécesseur, Gilbert Gardner, pendant sept ans.

Une porte-parole du Bloc québécois, Catherine Escojido, a confirmé à La Presse hier que M. Rocheleau, nommé par le nouveau chef Daniel Paillé le 15 décembre, est un salarié du Bloc québécois.

Une violation des règles?

«M. Rocheleau est un employé du Bloc québécois. Il est donc payé par le parti, comme tous les employés du Bloc québécois», a indiqué Mme Escojido.

La Presse a révélé samedi que l'ancien chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a payé le salaire de M. Gardner, environ 100 000$ par année, en puisant dans le budget de fonctionnement de son bureau de leader à Ottawa entre 2004, date de son embauche, jusqu'à la défaite du Bloc aux élections du 2 mai 2011.

Cette pratique violerait les règles de la Chambre des communes. Les fonds qu'elle accorde aux élus doivent être utilisés pour financer des activités parlementaires et non pas des activités partisanes. Tous les autres partis politiques ont affirmé que leur directeur général respectif est payé par des fonds du parti et non à même des fonds provenant de la Chambre des communes.

Après la défaite du Bloc québécois aux urnes, M. Gardner a été congédié du cabinet de M. Duceppe et a ainsi eu droit à une prime de départ équivalant à plusieurs semaines de salaires, comme le prévoient les règles des Communes. Il a ensuite été officiellement embauché par le Bloc québécois à Montréal quelques jours plus tard et a empoché un salaire comparable jusqu'à son congédiement par Daniel Paillé après son élection comme chef du parti le 11 décembre.

En fin de semaine, M. Duceppe et son ancien chef de cabinet, François Leblanc, ont soutenu avoir agi selon les règles des Communes et n'avoir rien à se reprocher. M. Leblanc a affirmé que cette pratique était connue par les membres du caucus.

Guimond contredit

«Cela a fait l'objet de nombreuses présentations aux instances où le budget annuel du parti était examiné: caucus, exécutif du parti, bureau national, etc.», a dit M. Leblanc dans un communiqué, soutenant que cette démarche budgétaire du Bloc a été faite «de façon transparente et de bonne foi».

Mais un ancien député bloquiste, Michel Guimond, a contredit ces affirmations. «J'étais le troisième en rang hiérarchique et j'ignorais tous ces chiffres. Je ne savais pas comment le chef gérait son budget», a affirmé Michel Guimond dans une entrevue accordée au Journal de Québec.

Le comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre (PROC) pourrait déclencher une enquête sur cette affaire dès aujourd'hui. Le vice-président du PROC, le député du NPD Joe Comartin, a demandé un avis juridique.

Si on conclut que le Bloc a utilisé des fonds publics d'une manière inappropriée, il pourrait être contraint de rembourser les contribuables. La somme pourrait atteindre le million de dollars.

Membre du PROC pendant cinq ans avant sa défaite aux dernières élections, l'ancien député libéral Marcel Proulx est catégorique: Gilles Duceppe ne pouvait pas payer le salaire du directeur général du Bloc québécois à même le budget de fonctionnement de son cabinet à Ottawa.

«Les règles sont très claires à cet égard. Il n'y a pas de zone grise», a-t-il dit à La Presse hier soir.