Une vingtaine de personnes ont bravé le froid sibérien à Ottawa en début d'après-midi, vendredi, pour réclamer que le ministre fédéral de la Justice empêche l'extradition de Hassan Diab.

L'homme, dont la demande d'extradition doit être réexaminée par la Cour d'appel de l'Ontario, est réclamé par la France. Il y est accusé d'être l'auteur d'un attentat, en octobre 1980, contre une synagogue, à Paris. L'attaque avait fait quatre morts et une quarantaine de blessés.

D'origine libanaise, M. Diab travaillait comme professeur de sociologie à l'Université d'Ottawa et habitait Gatineau lorsqu'il a été arrêté à l'automne 2008.

Il assure qu'il n'a rien à voir avec l'attentat et que cette affaire en est une d'erreur sur la personne. Il était parmi les manifestants vendredi, devant les bureaux du ministère de la Justice, à Ottawa.

«Je vis un cauchemar kafkaïen», s'est-il plaint devant la petite foule. Depuis son arrestation, il a perdu son emploi de professeur, a-t-il raconté, et il doit porter un bracelet à la cheville, une des conditions de son assignation à domicile. Ces conditions lui coûtent 2000$ par mois.

«Comme une procédure d'extradition, ce n'est pas un procès, je n'ai pas eu la chance de me défendre des allégations contre moi», a-t-il déclaré au petit groupe de supporters.

Le juge de la Cour supérieure de l'Ontario qui ordonnait son extradition en juin dernier a souligné la faiblesse de la preuve contre lui, mais a ordonné son extradition tout de même.

Vendredi, les manifestants, représentant des groupes de droits de la personne et de libertés civiles, ont demandé, lettre et pétition à la main, au ministre Rob Nicholson d'intervenir.

D'après Roch Tassé, coordonnateur national de la Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles, oui, la France est un état de droit, mais ça ne l'empêche pas d'avoir des lois antiterroristes qui violent les droits individuels.

«La France a utilisé dans le passé et continue d'utiliser des éléments de preuve où la source n'est pas connue ou, possiblement, la preuve a été obtenue sous la torture. Le régime français ne rencontre évidemment pas les mêmes standards que le régime canadien à cet effet», a déclaré M. Tassé lors d'une entrevue, en marge de la manifestation.

M. Tassé ne se fait tout de même pas d'illusions sur une possible intervention du ministre Nicholson.

Après quelques essais infructueux, les manifestants ont réussi à déposer l'enveloppe contenant la lettre et la pétition dans les mains de la responsable de la sécurité de l'immeuble du ministère de la Justice. Le ministre, lui, était à Toronto, vendredi.