Les libéraux ont du pain sur la planche pour remonter la pente d'ici les prochaines élections en 2015, et l'attitude à adopter devant une tâche d'une telle ampleur n'est ni la complaisance ni le désespoir, selon Bob Rae.

Le chef libéral intérimaire s'est adressé vendredi aux militants libéraux venus des quatre coins du pays pour tenter d'insuffler de l'oxygène à un parti loin d'être au sommet de sa forme.

«L'inspiration est là et les politiques vont suivre. Mais c'est le travail qu'il faut faire», a lancé M. Rae devant une salle plutôt remplie au congrès du Parti libéral du Canada (PLC), à Ottawa.

«Et il y a vraiment un travail à faire, on a des comtés qui sont vides. On a des régions du pays où ils ne sont pas organisés. Il y a des gens qui n'ont pas même reçu un message du Parti libéral depuis longtemps», a-t-il souligné.

Quelque 3000 délégués sont réunis ce week-end pour explorer les façons de reconstruire leur parti, qui s'est fait ravir le titre d'opposition officielle aux Communes par les néo-démocrates le 2 mai dernier.

«On doit rebâtir le parti. Pas de haut en bas, mais du bas en haut, dès les fondations de notre parti», a fait valoir le chef intérimaire.

M. Rae faisait le tour des salles de réunion au cours de la journée, offrant quelques mots, insistant surtout sur la nécessité de rebâtir le parti en commençant par les associations de comté.

Il a constaté que plusieurs d'entre elles sont dans un piteux état. Seulement une centaine d'associations comptent plus de 100 membres. Et aux prochaines élections fédérales, en 2015, il faudra être organisé dans 338 comtés, a-t-il rappelé.

Pour le leader parlementaire Marc Garneau, il est absolument nécessaire d'aller sur le terrain afin de dénicher des gens prêts à s'impliquer. «Il y a beaucoup de comtés orphelins. Avec la présence des autres partis, on a senti une érosion», a-t-il concédé.

La candidate à la présidence du parti et ancienne ministre Sheila Copps estime qu'il faut rétablir les ponts de communication avec le public.

«Si on veut avoir des idées, il faut être capable d'abord d'avoir des réunions. Et dans beaucoup de comtés, on n'a pas eu de réunions depuis plusieurs années», a-t-elle souligné.

«Il y a énormément de cynisme présentement dans la population, tout véhicule, tout parti politique confondu», a noté le député de Bourassa, Denis Coderre, ajoutant que pour répondre à ce sentiment, il fallait faire preuve d'authenticité et de proximité.

Bob Rae croit que tout ce travail peut être accompli en trois ans et demi, allant jusqu'à affirmer que les libéraux pourront former le gouvernement à l'issue des élections générales de 2015.

«Les libéraux n'ont pas peur du changement. Les libéraux n'ont pas peur du débat. Les libéraux n'ont pas peur des discussions sur les politiques», a soutenu M. Rae devant les militants.

«S'ils veulent se faire dire quoi penser et adhérer à une orthodoxie soit de gauche soit de droite, ils ont deux portes auxquelles ils peuvent frapper», a-t-il tranché, faisant référence au Nouveau Parti démocratique (NPD) ainsi qu'au Parti conservateur.

Leadership

Le taux de participation au congrès se déroulant jusqu'à dimanche est plutôt bon, étant donné qu'on n'y élira pas le prochain leader. Des élections ont bel et bien lieu, mais elles ont pour objectif de désigner de nouveaux membres de l'exécutif du parti.

On entend malgré tout beaucoup parler de leadership dans les corridors du Centre des congrès, et particulièrement de la possible candidature de l'actuel chef intérimaire.

Bob Rae continue de marteler qu'il suivra les règles que l'exécutif lui fixera. Mais il ne cache pas qu'il se sent très à l'aise dans la position dans laquelle il se trouve en ce moment.

«J'adore être le chef par intérim du PLC!», a-t-il lancé sous une pluie d'applaudissements.

Or, certains craignent que ce rôle lui donnera un avantage flagrant lorsque viendra le temps de se lancer véritablement dans la course à la direction du parti.

Cet avis n'est pas partagé par Sheila Copps. «D'être chef intérimaire dans un parti en troisième position, ce n'est pas tout à fait un avantage par rapport à d'autres dans cette situation», a-t-elle fait valoir, rappelant au passage que Michael Ignatieff a été chef intérimaire avant d'être le chef permanent du PLC.

Elle assure que Bob Rae aura tout simplement à démissionner afin de se lancer dans la course lorsque le moment sera venu.