À peine huit mois après son élection, la députée de Saint-Maurice-Champlain, Lise St-Denis, change de camp. Elle a annoncé mardi en point de presse qu'elle siégerait désormais du côté des libéraux à la Chambre des communes.

Elle a expliqué que, bien qu'elle ait milité au NPD pendant près de 10 ans, elle ne s'est rendu compte qu'une fois au Parlement que les positions libérales dans des dossiers comme le Sénat, la mission militaire en Libye ou la création d'emplois cadraient mieux avec les siennes et les intérêts de ses électeurs.

Accompagnée par le député Denis Coderre et le chef libéral intérimaire Bob Rae, elle s'est défendue d'avoir trahi la volonté des électeurs de l'ancienne circonscription de Jean Chrétien, dont seulement 11% ont voté pour le PLC au dernier scrutin.

«C'est vrai, ils ont voté pour Jack Layton. Je le reconnais.» Mais «Jack Layton est mort», a-t-elle dit.

Un député du NPD a déclaré que la députée a fait un choix personnel qui ne doit pas être vu comme le symptôme d'un malaise plus grave au sein des troupes néo-démocrates. Les derniers sondages menés avant les Fêtes montrent que le parti a perdu du terrain dans les intentions de vote au Québec.

Guy Caron, le seul député du NPD envoyé au front pour réagir à l'annonce, s'est abstenu de critiquer trop sévèrement son ancienne collègue: «Les libéraux devront apprendre à la connaître», s'est-il borné à dire.

Mais dans les coulisses, les stratèges ont été moins tendres envers la transfuge, qu'ils ont décrite comme une personne solitaire avec qui il est difficile de travailler. «Ce n'est pas François Rebello qu'on a perdu!», a lancé l'un d'eux.

Le NPD a par ailleurs invité le PLC à provoquer une élection complémentaire afin de voir si les électeurs de Saint-Maurice-Champlain appuieront la décision de leur députée. Le bureau du chef libéral Bob Rae a poliment décliné l'invitation.

«Je ne faisais pas campagne»

Lise St-Denis, enseignante à la retraite, est âgée de 71 ans. Élue lors de la «vague orange» du 2 mai, elle s'était fait remarquer lorsqu'elle avait admis, à quelques jours du scrutin, qu'elle n'avait jamais mis les pieds dans sa circonscription. «L'entente était claire: je mettais mon nom, mais je ne faisais pas campagne», avait-elle déclaré au quotidien Le Nouvelliste.

Depuis, son entrée en politique active s'est avérée difficile. Quelques semaines après son élection, elle a révélé qu'elle était atteinte du cancer. Elle a déclaré mardi qu'elle était en bonne santé et que ses traitements allaient bien. Dans les mois qui ont suivi, plusieurs élus régionaux se sont plaints de son absence dans la circonscription. Mme St-Denis a toujours refusé d'y élire domicile. Enfin, on lui a reproché publiquement sa décision d'embaucher une ancienne candidate libérale comme adjointe.

Malgré tout, MM. Coderre et Rae ont semblé heureux d'accueillir une nouvelle recrue. «Pour nous, c'est une décision basée sur des convictions et basée sur des principes», a déclaré Denis Coderre, président du caucus du Québec au PLC.

Avec cette défection, le NPD compte maintenant 58 députés québécois à la Chambre des communes. Les libéraux en ont huit, tandis que les conservateurs et le Bloc québécois en ont respectivement cinq et quatre.