Deux Québécois liés de près au Parti conservateur du Canada, Jean-Guy Dagenais et Ghislain Maltais, fouleront bientôt la moquette rouge du Sénat canadien.

Pierre-Hugues Boisvenu aura donc du renfort pour défendre le programme des conservateurs en matière de justice criminelle au Québec, puisque M. Dagenais est un ancien président de l'Association des policiers provinciaux.

Le nouveau sénateur s'était présenté sous la bannière conservatrice lors du dernier scrutin fédéral, dans la circonscription de Saint-Hyacinthe-Bagot. Il y avait fait chou blanc, défait par le Nouveau Parti démocratique et dépassé par la députée bloquiste sortante.

Ce n'est pas le premier candidat conservateur malheureux à prendre tout de même le chemin d'Ottawa depuis le 2 mai. L'ancienne ministre Josée Verner avait elle aussi été nommée au Sénat après sa défaite, tout comme Larry Smith au Québec et Fabian Manning, à Terre-Neuve-et-Labrador.

Mais sa nomination n'est pas une récompense pour sa tentative ratée de mettre un pied aux Communes, jure-t-il. Tout au plus, dit M. Dagenais, sa candidature prouvait l'ampleur de son sens du service public.

«Avant tout, le premier ministre savait que je voulais m'investir. Je me suis présenté candidat conservateur dans Saint-Hyacinthe-Bagot pendant la campagne électorale. C'était peut-être une façon de me donner l'opportunité de servir», a-t-il affirmé.

Jean-Guy Dagenais doit encore accomplir une formalité technique - l'achat d'un terrain dans la circonscription où il est nommé - avant de pouvoir devenir officiellement sénateur.

S'il conteste que son ami Pierre-Hugues Boisvenu ait besoin de renfort, M. Dagenais ne cache pas qu'il mettra l'épaule à la roue pour défendre le point de vue des troupes de Stephen Harper dans la province. L'abolition du registre des armes d'épaule et la réforme du système de justice pénale pour adolescents s'attirent les foudres unanimes de l'Assemblée nationale.

«M. Boisvenu fait un excellent travail, a affirmé le futur sénateur en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne. Je le connais depuis une quinzaine d'années, c'est un ami personnel. Je pense qu'on peut faire équipe ensemble, et même avec d'autres sénateurs.»

Jean-Guy Dagenais promet de défendre les politiques conservatrices, avec lesquelles il est «entièrement d'accord», et critique ceux qui l'accusent d'avoir fait volte-face sur la question du registre des armes d'épaule. L'ancien policier avait été durement critiqué lors de son saut en politique, parce qu'il défendait le registre lorsqu'il était à la tête de l'Association des policiers provinciaux du Québec. À présent, il nie avoir changé d'avis.

«Je trouvais que le registre était coûteux, qu'il était inefficace, qu'il était d'une lourdeur administrative et qu'en plus il installait un faux sentiment de sécurité chez les policiers», s'est-il défendu.

Un ancien parlementaire du Parti libéral du Québec l'accompagnera à Ottawa: Ghislain Maltais, député de Saguenay de 1983 à 1994, obtient lui aussi un siège à la chambre haute.

Depuis 2009, il était directeur de l'aile québécoise du Parti conservateur du Canada et avait auparavant travaillé en tant que consultant en «stratégie et organisation» pour la formation politique.

M. Maltais n'était pas disponible vendredi.

Ailleurs au Canada, cinq autres personnes ont été nommées au Sénat par le premier ministre Stephen Harper.

Un ancien député du caucus conservateur, Norman Doyle, retournera à Ottawa: il y a représenté les citoyens de Saint-Jean-Est, à Terre-Neuve-et-Labrador, de 1997 à 2008, d'abord comme progressiste-conservateur puis au sein du Parti conservateur du Canada.

Jean-Guy Dagenais n'est pas le seul ancien ex-membre des forces de l'ordre à obtenir un siège au Sénat: Vernon White, l'actuel chef de police de la Ville d'Ottawa, a aussi été choisi par Stephen Harper. Il avait déjà été considéré comme un prétendant sérieux à la direction de la Gendarmerie royale du Canada, mais le premier ministre en aura décidé autrement.

L'Albertaine Betty Unger avait été choisie pour siéger au Sénat par 300 000 de ses concitoyens en 2004, dans le cadre d'un scrutin consultatif.

Asha Seth, une philanthrope et médecin de Toronto, obtient aussi un siège au Sénat, tout comme JoAnne Buth, une femme d'affaires de Winnipeg qui préside le Conseil du canola du Canada.

Le Parti conservateur du Canada détenait déjà la majorité des sièges à la chambre haute. Il en détient maintenant 61, soit 20 de plus que leurs rivaux libéraux. Deux sénateurs siègent comme indépendants, alors qu'un se définit toujours comme progressiste-conservateur.