Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a assuré que son nouveau Bureau de la liberté des religions ne deviendra pas un véhicule pour promouvoir certaines politiques intérieures auprès des immigrants au pays.

M. Baird a rejeté les critiques affirmant que ce nouveau service pourrait mener à un mélange malsain de religion et de politique.

«La liberté religieuse est une des premières clauses de la Charte. C'est une des premières clauses du Bill of Right. Elle est au centre de la déclaration des Nations unies des droits de la personne. C'est un droit humain essentiel. Je n'ai aucune inquiétude à ce sujet», a dit le ministre au cours d'une entrevue avec La Presse Canadienne.

Les conservateurs avaient promis la création d'un tel service lors des dernières élections, en mai, mais ont dû attendre avant d'en brosser les grandes lignes.

La création de ce service doit être officiellement annoncée au début de l'année.

M. Baird dit avoir des grandes espérances envers ce nouveau service qui a nécessité un investissement de seulement 5 millions $ dont un maigre 500 000 $ pour son budget d'opération.

Alex Neve, le président d'Amnistie internationale Canada, a affirmé que si la persécution religieuse «est inquiétante au chapitre des droits de la personne partout sur la planète», il ne croit pas en l'approche adoptée par le gouvernement.

«Nous surveillons le tout avec intérêt, mais aussi avec une grande inquiétude. Il y a tant de mystère à ce sujet», a-t-il dit.

Son organisme a rencontré des fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères, mais les réponses aux questions posées étaient vagues, s'est plaint M. Neve.

Il a fait remarquer que la liberté religieuse pouvait avoir des «relations litigieuses» avec les autres droits de l'homme tout aussi essentiels comme l'égalité homme-femme, les droits des homosexuels et la liberté d'expression. «C'est un sujet que les gouvernements doivent traiter délicatement. Ils ne peuvent pas envoyer le message - intentionnellement ou involontairement - que certaines religions sont favorisées par rapport aux autres.»

M. Baird a mené des consultations à l'échelle mondiale, assistant à des réunions au Vatican et en Turquie. Il a rencontré des groupes religieux en octobre à Ottawa. Ces consultations n'étaient pas ouvertes à la population. M. Neve se demande pourquoi Amnistie et d'autres groupes de défense des droits de la personne n'ont été exclus des discussions.

Le ministre avait peu de précisions à apporter lui-même. «C'est un document de campagne. Vous aurez ce que vous verrez. Il n'y aura pas de surprise.»

Et quand le journaliste lui demande ce que fera ce service, Baird répond: «il fera la promotion de la liberté religieuse».