Un émissaire de l'ONU sur les peuples indigènes a placé le gouvernement fédéral sur la sellette, mardi, dénonçant les conditions de vie «désastreuses» dans la réserve d'Attawapiskat, dans le nord de l'Ontario.

James Anaya, rapporteur spécial des Nations unies sur les droits des peuples indigènes, a communiqué avec Ottawa pour exprimer sa préoccupation face à la crise humanitaire qui sévit dans la réserve.

«Les conditions sociales et économiques à Attawapiskat semblent représenter les conditions de plusieurs communautés des Premières Nations habitant dans des réserves partout au Canada, qui s'apparenteraient à des conditions du tiers-monde», a dénoncé M. Anaya.

Le rapporteur dit avoir été informé que les communautés autochtones sont «systématiquement sous-financées» par rapport aux communautés non autochtones. Une situation qui aggraverait leur capacité à veiller au bien-être de leur population.

«De plus, il semble que le gouvernement ne réponde pas adéquatement aux demandes d'aide», affirme M. Anaya.

L'envoyé spécial demande des explications sur ces allégations. Il souhaite qu'Ottawa lui présente son plan pour réduire les iniquités qui perdurent entre autochtones et non-autochtones au Canada. Et il compte suivre de près les progrès à Attawapiskat.

Le gouvernement Harper a répliqué par la bouche de ses canons à la sortie de M. Anaya. Selon la porte-parole du ministre des Affaires autochtones, John Duncan, sa déclaration recèle plusieurs inexactitudes.

«Quiconque lit la lettre verra qu'elle manque de crédibilité», a indiqué Michelle Yao, directrice des communications du ministre.

Le gouvernement proteste

«Notre gouvernement est concentré sur les besoins des résidants d'Attawapiskat, et non sur des coups de publicité, a-t-elle ajouté. Nous sommes également concentrés sur les problèmes profonds qui affligent les communautés des Premières Nations du Canada depuis des générations.»

La communauté d'Attawapiskat, située à 500 kilomètres au nord de Timmins, en Ontario, est devenue le symbole de la pauvreté chronique qui afflige les communautés autochtones. Malgré des investissements fédéraux de 90 millions depuis 2006, plusieurs de ses quelque 2000 habitants vivent dans des conditions insalubres, sans chauffage alors que le mercure baisse régulièrement sous la barre des -30 degrés.

La situation s'est dégradée au point où la Croix-Rouge a été appelée en renfort.

Le gouvernement Harper a réagi à la crise en plaçant la communauté sous la tutelle d'un tiers parti, une solution qui a été décriée par les dirigeants d'Attawapiskat et par les partis de l'opposition. Ottawa a depuis annoncé l'achat de 15 maisons mobiles pour loger les habitants de la réserve.

Un nouveau convoi de matériaux de construction partira à destination de la réserve mercredi matin.