Un endroit chaud et sécuritaire pour dormir. De l'eau potable. De la nourriture abordable sur la table. Plusieurs Canadiens considèrent ceci comme faisant partie des caractéristiques essentielles à la vie. Mais pour les gens vivant dans la réserve autochtone d'Attawapiskat, ces exigences se retrouvent plutôt sur leur liste de souhaits de Noël.

Environ 20 familles auront la chance d'échapper à leurs habitations décrépies le 23 décembre et s'installer dans un centre de guérison qui servira d'abri temporaire, selon la Croix-Rouge.

Le centre se situe à quatre kilomètres à l'extérieur du village, mais l'agence de secours internationale va tenter d'établir un système de navettes pour les habitants qui sont rebutés par la distance, a déclaré John Saunders, directeur de la gestion des catastrophes de l'Ontario.

«Certaines des conditions de vie que nous avons vues ici sont passablement extrêmes», a-t-il dit. «Mais au même moment, ce n'est certainement pas inhabituel dans plusieurs communautés autochtones à travers le pays.»

Les fournitures d'urgence continuent d'arriver sur place, y compris des machines à laver, du détergent et des couvertures, mais ce n'est pas assez pour surmonter les immenses problèmes touchant la communauté des Premières Nations située dans le nord de l'Ontario, au moment où l'hiver s'installe.

Plusieurs familles demeurent coincées dans des cabanes froides aux prises avec de la moisissure, sans salle de bain ou eau courante. Plus de 90 personnes vivent dans une vieille roulotte de construction sans avertisseur d'incendie et des portes qui sont barricadées la nuit pour empêcher les vandales d'entrer. Des produits comme les oranges coûtent plus de 10$ pour un sac d'un kilo et demi à l'épicerie du coin, et ce lorsqu'elles sont vendues à rabais.

Pourtant, à seulement 80 kilomètres de là, une exploitation minière extrait des diamants du sol.

Il ne s'agit tristement pas de la seule communauté des Premières Nations du pays à souffrir dans des conditions si déplorables, a déclaré le chef libéral intérimaire Bob Rae, qui a visité la réserve samedi en compagnie de la porte-parole en matière d'Affaires autochtones Carolyn Bennett.

«Nous parlons beaucoup du tiers-monde, nous parlons d'Haïti, nous parlons de la pauvreté dans d'autres régions du monde», a-t-il dit. «Ceci est notre tiers-monde. C'est juste ici, chez nous. Ce sont nos compatriotes.»

Une jeune femme sortant de l'épicerie a dépensé 250$ pour du lait condensé, des couches et «pas beaucoup d'autres choses» avec un enfant à la maison et un autre en chemin, a constaté M. Rae.

L'approche du premier ministre Stephen Harper, soit de contrôler les finances de la bande via une tierce partie, est mauvaise, martèle Bob Rae, qui parle aussi de la poursuite de l'attitude colonialiste.

Ottawa a transféré environ 90 millions $ aux 3000 membres de la Première Nation au cours des cinq dernières années, et M. Harper a dit ne pas avoir vu de résultats adéquats compte tenu de l'argent investi.

Les conservateurs veulent absolument que la réserve demeure sous contrôle d'une tierce partie, mais affirment que Jacques Marion de BDO Canada ne restera en place que le temps de régler la crise du logement, soit sans doute pendant quelques mois.

Le gouvernement désire que le plan d'habitation soit bien enclenché d'ici la fin du mois de mars 2012. À ce moment, le vérificateur pourrait redonner le contrôle des finances au conseil de bande et une vérification complète des états financiers des cinq dernières années commencerait.