Les partis de l'opposition ont tort d'accuser le gouvernement Harper d'abuser de son pouvoir, estime le leader parlementaire des conservateurs. Selon lui, son parti ne fait que mettre en oeuvre le mandat que lui ont donné les Canadiens aux dernières élections.

Peter Van Loan, celui qui dirige les troupes conservatrices à la Chambre des communes, a reçu La Presse dans son bureau pour faire le point sur la session parlementaire qui s'est terminée hier. Au terme d'un automne mouvementé, il juge exagérées les critiques qui lui reprochent d'avoir bâillonné l'opposition ces derniers mois.

«Nous avons permis à tous les partis de s'exprimer, dit-il, mais en tant que Parlement, nous devons prendre des décisions.»

Les Canadiens peuvent s'estimer chanceux d'avoir un gouvernement stable, capable d'agir, affirme-t-il. Pour appuyer son point de vue, il cite l'exemple des États-Unis, où une impasse budgétaire a failli plonger le monde dans une nouvelle récession, l'été dernier. Il montre aussi du doigt les déboires de l'Union européenne, où des divisions politiques empêchent l'adoption de mesures pour contrer la crise budgétaire.

«L'opposition voudrait importer le même genre d'impasses qui existent aux États-Unis, où les décisions ne peuvent être prises, dénonce M. Van Loan. Mais cela pourrait être très déstabilisant pour l'économie et très dangereux.»

Les partis de l'opposition ont maintes fois critiqué la manière forte utilisée par le gouvernement Harper depuis qu'il jouit d'une majorité au Parlement. Ils lui reprochent d'avoir abrégé les débats, voire d'avoir carrément imposé le bâillon aux parlementaires pour faire adopter ses projets de loi.

Les conservateurs ont également été montrés du doigt, au cours des derniers jours, pour avoir tenté d'imposer le huis clos dans les comités parlementaires, une tactique qui empêcherait certaines délibérations d'être rendues publiques.

Affrontement avec Québec

Les critiques ont trouvé des échos au Québec, où les conservateurs n'ont fait élire que cinq députés aux dernières élections. La nomination d'un vérificateur général unilingue anglophone, l'abolition du registre des armes à feu et le projet de loi C-10 sur la répression du crime ont provoqué des grincements de dents.

Deux ministres provinciaux, Jean-Marc Fournier et Robert Dutil, ont défilé à Ottawa pour convaincre le gouvernement Harper de revenir sur certaines décisions. Un pèlerinage qui n'a guère impressionné le gouvernement, selon Peter Van Loan.

«C'est un phénomène naturel, estime-t-il. Pour une province, c'est toujours pratique de chercher quelqu'un d'autre à blâmer pour les problèmes de son propre gouvernement.»

Des échanges acrimonieux

Plusieurs observateurs ont relevé l'âpreté des échanges aux Communes, ces dernières semaines. Les affrontements ont culminé mercredi, lorsque le député libéral Justin Trudeau a traité le ministre de l'Environnement Peter Kent de «petite merde» .

Mais M. Van Loan, qui a été élu pour la première fois en 2004, prend ces observations avec un grain de sel. Il souligne qu'au lendemain de la Confédération, le premier ministre John A. Macdonald avait déjà traversé la salle du parlement pour bousculer un adversaire.

«Personnellement, je pense que le ton a été beaucoup plus modéré, a constaté le leader. C'est peut-être la session où les échanges ont été les plus modérés depuis mon élection en 2004.»

En 2012, le gouvernement Harper achèvera l'adoption de la réforme du droit d'auteur et le projet de loi C-4 contre les trafiquants d'humains.

Le gouvernement souhaite également conclure des accords de libre-échange avec le Panama et la Jordanie, et avancer les pourparlers en vue d'un traité semblable avec l'Union européenne.