Sans s'excuser, le député conservateur Jim Hillyer, qui a été rabroué par l'opposition qui l'accuse d'avoir mimé des revolvers lors d'un vote sur le registre des armes de chasse, a tenté mercredi de minimiser ses gestes.

Questionné par La Presse Canadienne, il a assuré que ses mouvements de mains ne servaient qu'à signaler qu'un vote était en cours et allait être remporté par son parti. Et rien d'autre.

Mardi, il avait pourtant été la cible des partis d'opposition qui ont dénoncé ses gestes, alors qu'une vidéo du vote a refait surface et s'est propagée sur Internet.

Sa gestuelle, passée inaperçue au moment du vote en deuxième lecture le 1er novembre dernier, a rebondi mardi aux Communes après qu'une personne non identifiée ait mis en ligne une vidéo sur le site Youtube. On pouvait y voir le député albertain, précédé de l'avis sur l'écran «Le député conservateur Jim Hillyer (Lethbridge) célèbre le vote contre le registre des armes à feu avec des gestes de fusils».

L'affaire a fait du bruit mardi puisque l'on commémorait le jour même la tuerie de Polytechnique qui avait justement mené à la création du registre des armes à feu. Il s'agit du même registre des fusils de chasse que les conservateurs s'apprêtent à détruire.

Sur la vidéo, on pouvait voir le député conservateur se lever à la Chambre des communes pour voter. Ce faisant, il a agité ses mains, pointant l'index, comme on mime le fait de dégainer un revolver.

Faisant l'objet d'un rappel au règlement par le Bloc québécois en Chambre mercredi, il s'est dit désolé que ses gestes aient été associés à la tuerie de Polytechnique.

«Cela signifiait: «On est en train de remporter un vote'. C'est tout ce que cela voulait dire», a affirmé M. Hillyer mercredi lorsque questionné par une journaliste.

Il a ensuite nié que son geste représentait des fusils, pour après ajouter: «Eh bien, il s'agissait du vote sur le registre des armes de chasse».

Plus tard en Chambre, il a tenté de s'expliquer, visiblement mal à l'aise, passant prêt d'offrir ses excuses à quelques reprises mais se ravisant à chaque fois à la dernière minute.

«La vidéo a été dévoilée hier. C'est cela qui est tragique», a-t-il indiqué aux Communes.

Ses gestes n'avaient rien à voir avec les victimes de violence, et l'abolition du registre des armes de chasse n'est pas «une victoire pour la violence», a plaidé M. Hillyer. Il a dit vouloir assurer la sécurité de tous les Canadiens et vouloir mettre fin à la violence contre les femmes.

«Je suis désolé que cela ait été mal interprété et mal représenté de façon à ce qu'il y ait un lien avec Polytechnique», a-t-il dit.

Le whip du Parti conservateur, Gordon O'Connor, est venu à sa rescousse en Chambre. Il a souligné que le vote avait eu lieu des semaines avant la commémoration de la tuerie de Polytechnique et que quelqu'un avait mis en ligne la vidéo mardi «de façon malveillante». Il a toutefois déclaré: «si quelqu'un en a été blessé, je présente mes excuses».

Le Bloc québécois est loin d'être satisfait.

«Il a refusé de s'excuser», a dénoncé le député André Bellavance au sujet de M. Hillyer.

«Et il faut dire qu'il jette la faute aux gens qui ont rendu publiques les images», a-t-il ajouté.

Selon la néo-démocrate Françoise Boivin, le fait que ses gestes aient été faits le 1er novembre et non pas mardi ne changent rien. «Le geste est le geste», a-t-elle dit, estimant qu'il s'agit d'un cas flagrant de manque de maturité et de jugement de la part du député albertain.

M. Hillyer a promis de ne plus faire de gestes en votant.